Lesecrivainscombattants

  Mise à jour : 25-avr-16

 

 

   
Le 7e Bataillon de chasseurs alpins, collectif, Pierre de Taillac 2015, 272 p., 30 €
Ce bel album est présenté par la marraine du bataillon, Marie d’Orléans, Princesse de Liechtenstein. Il relate l’histoire des 7e /47e BCA, de 1840 à 2015, soit de Sidi Brahim à l’Afghanistan. Trois parties le composent : la Grande Guerre des « Diables bleus » et la Seconde Guerre mondiale ; l’Algérie, le Liban et les Balkans ; les modernes OPEX. Et le retour au Dauphiné.
CLB
22-Avr-2016

Légion d’honneur, Jean-Michel Franc, ETAI 2014, 176 p., 42 €
Se substituant aux ordres monarchiques, de Saint-Louis et de Saint-Michel, la Légion d’honneur fut créée par le Premier Consul (encore lui !), repris, après quelques détours restaurateurs, par le Second Empire, puis par nos Républiques jusqu’à celle où nous sommes. On ne manquera pas d’admirer la qualité des illustrations, qui ont pour sujet essentiel la suite des insignes.
CLB
22-Avr-2016

La Banque de France dans la Grande Guerre, Didier Bruneel, Cherche Midi 2015, 152 p., 35 €
Une couverture sympa pour un sujet austère. Allons ! celui-ci est traité de façon passionnante. Le Gouverneur de la Banque préface le livre. L’histoire se déroule : « mobilisation » préparée, mesures d’évacuation, collecte d’or, politique de change et d’escompte. On termine par une présentation du personnel. Les femmes, comme partout dans la grande épreuve, y ont la part belle.
CLB
22-Avr-2016

Ils étaient camarades de tranchées. Sur les traces de Louis Maufrais. Martine Veillet, Robert Laffont, 2014, 346 p., 22 €
Question sans cesse reposée : comment notre Grande Guerre peut-elle susciter tant de constance dans le sacrifice et la souffrance endurée ? La réponse – ou l’une d’elles – est ici renouvelée par les témoignages que la parution d’un premier tome a suscités. Martine Veillet, historienne de la Première Guerre mondiale, a exploité ici, plus profondément les archives de sa propre famille. Authenticité garantie.
CLB
19-Mars-2015

Rebâtir la France, Général Didier Tauzin, Éd. Mareuil, 2015, 102 p., 10 €
Après une carrière bien remplie, le général Tauzin se penche sur l’état de la France. Il le juge déplorable et, en quelques pages, présente sa solution. C’est dans quatre domaines qu’il faut agir : identité nationale, rôle du président de la République, démographie, famille. Louable programme, mais il y a du pain sur la planche. Solution : adhérer à son association « France, terre d’espérance ». Dieu l’entende !
CLB
19-Mars-2015

Les ailes de Sarajevo, Bill Carter, Intervalles, 2008, 476 p., 24 €
Paru en anglais en 2004, traduit par « Intervalles » en 2008, ce livre de mémoire est écrit par un excentrique. Il faut l’être pour chercher son inspiration aux quatre coins du monde. De ces pérégrinations, Sarajevo est le centre. C’est ici le deuxième livre que l’auteur lui consacre. La plume est alerte. On ne s’ennuie pas !
CLB
19-Mars-2015

Du conflit italo-éthiopien à la victoire du Front Populaire espagnol
(30 juin 1935-18 juillet 1936)
, Paul Nizan, Le Cherche midi, 2014, 832 p., 24 €.
Ce livre ne saurait intéresser que les nizanologues, spécialistes ou thuriféraires de ce normalien d’avant-guerre, communiste acharné, journaliste à L’Humanité, dont sont extraits la plupart des textes ici sélectionnés. Ceux-ci ne couvrent qu’une année (1935-1936), marquée il est vrai par l’attaque italienne de l’Éthiopie et la révolution espagnole. Le lecteur ordinaire se demandera comment un homme de cette trempe et de cette culture peut avoir été aveuglé au point de camper Joseph Staline en « humaniste ».
Général Claude Le Borgne (cr)
23-Fév-2015

Le pays du mal, otages du djihad en Syrie 152 jours, Pierre Piccinin da Prata, Domenico Quirico, L’Harmattan, 2014, 214 p., 20 €
Deux journalistes, l’un belge l’autre italien, en route pour un reportage en Syrie sur « l’Armée Syrienne Libre », tombent dans une embuscade qui les met aux mains de « bandits », jihadistes sommaires. Ceux-ci les baladent de geôle en geôle durant cinq mois. Le temps le plus doux de leur captivité sera celui, bref, qu’ils passeront chez Jabhet al-Nosra, branche syrienne d’al-Qayda. Pour le reste, pas drôle ! Les deux compères résisteront, baptisant leurs geôliers de surnoms significatifs : « L’infâme », « La vieille merde », « L’ignoble ». Une belle introduction souligne l’essentiel : ils ne succomberont pas au syndrome de Stockholm. Ils ont vu le Mal, à l’état pur.
CLB
08-Jan-2015

Ça jamais, mon lieutenant ! Guerre de 1914-1918,
Marcel Duhamel, L’Harmattan, 2014, 76 p., 12 €
Ce petit livre est le carnet de route d’un artilleur, d’août 14 au 7 juillet 1916, jour où, maréchal des logis, il fut blessé. Le poilu était le quatorzième enfant de la famille : quelle époque ! Marchand de cycles dans le civil, on le fit d’abord et fort logiquement cycliste. Le titre est accrocheur, il est moins tragique qu’il ne paraît.
CLB
21-Nov-2014

Carnet de guerres et de crises 2011-2013
Général (2S) Jean-Bernard Pinatel, Lavauzelle, 2014, 226 p.
J’avais regretté que le général Pinatel quittât prématurément le service des armes. À quelque chose malheur est bon : libre de parole, il s’exprime depuis sur un blog et ces « carnets » regroupent les chroniques qu’il y a publiées de 2011 à 2014. Certaines ont mal vieilli, la plupart tiennent le coup. L’auteur est dur avec nos hommes politiques, accusés de naviguer sans compas, faute de discerner nos « intérêts permanents ». Il souligne l’erreur d’analyse de M. Hollande sur la crise syrienne. Aussi celle des Occidentaux sur le nucléaire iranien, épouvantail à gogos, ou sur l’Irak. Conclusion (la mienne) : les problèmes insolubles doivent être considérés dans leur insolubilité.
Général Claude Le Borgne (cr)
27-Aoû-2014

Les fondamentaux de l’escrime
Maître Joël Capoani, Jean-Christophe Damaisin d’Arès, Amphora, 2010, 158 p., 24 €
Les auteurs, l’un Maître d’armes et l’autre Spécialiste de la pédagogie sportive, ont construit un excellent cours d’escrime qui pourrait intéresser toute personne, débutante ou confirmée. Il est présenté tout ce que l’on peut découvrir dans une salle et dans les tenues. On y expose les règles, décrit les techniques adaptées au fleuret à l’épée et au sabre, aux enfants, aux adultes, à l’art. Beaucoup de photos accompagnent ce cours dont certaines, sur fond sombre, sont peu visibles. Des informations générales complètent cet ouvrage attrayant.
R.A.
23-Jui-2014

Journal d’un prisonnier. Le témoignage d’un des quatre généraux du putsch d’Alger
général André Zeller, Tallandier, 2014, 616 p., 26 €
Ce rebelle n’est pas un petit. Une longue et excellente préface du Professeur Serge Berstein retrace l’ensemble de la carrière du général Zeller, qui fut deux fois Chef d’état-major de l’armée de terre, et souligne ce qui va de soi : l’antigaullisme forcené de ce putschiste de 1961. Les carnets ici reproduits dans leur intégralité, par les soins de son fils Bernard, ont été écrits pendant les cinq années que le condamné passa en prison, à Tulle pour l’essentiel, de 1961 à son élargissement, le 14 juillet 1966. Soutenu par une foi religieuse solide, le général ne s’est jamais renié. Une annexe féroce rapporte l’attitude de ses collègues, généraux aux affaires dans l’Algérie de l’époque.
Général Claude Le Borgne (cr)
20-Jui-2014


Sylvestre-Farmer Résistants W.O. De l’ombre à la lumière…
Danièle Lheureux, Les Éditions Nord-Avril, 2011, 166 p., 18 €
Voici un hommage à neuf résistants du réseau W.O., opérant, durée la Seconde Guerre mondiale, dans le Nord-Pas-de-Calais. On mesure l’importance de leur action, sachant que leur principal objectif est le déploiement des fusées V1 et V2. L’un d’eux fut tué, deux autres déportés sans retour. Voilà !
CLB
20-Jui-2014


En jeu. Histoire et mémoires vivantes. Résistances au musée
Collectif, Fondation pour la Mémoire de la Déportation, 2013, 166 p., 17 €
Voici une nouvelle revue. « En jeu » est édité par la Fondation pour la mémoire de la déportation, que préside Mme Chombart de Lauwe. Ce numéro s’ouvre sur une présentation des musées qui présentent notre Résistance. Bon vent à cette nouveau-née.
CLB
20-Jui-2014


La Meurthe-et-Moselle en 1914–1918
Stéphanie Couriaud, Alan Sutton Éd., 2013, 128 p., 21 €
Stéphanie Couriaud change de paysage, non de sujet : après avoir étudié la Marne en guerre (celle de 14–18), c’est aujourd’hui le département de Meurthe-et-Moselle qui sert de cadre à ses recherches. Elle en est originaire et sait bien ce qu’il a souffert. Créé sur ce qui nous restait d’Alsace-Lorraine en 1871, il fut dès le début en partie occupé et on s’y battit beaucoup. Le livre, justement placé dans la collection « Mémoire en Images », donne à voir. Histoire, sans doute, ce livre pourrait être classé : sociologie de guerre.
CLB
20-Jui-2014


Paul Marchal (1913–1945), l’archange du camp de Stassfurt
Didier Béoutis, Sté littéraire du Maine, 2013, 168 p., 20 €
« Archange » est un qualificatif lourd de sens. Que ses camarades de déportation à Neu-Stassfurt, après Buchenwald, l’aient ainsi dénommé est une consécration. Professeur agrégé de lettres, marié, entré en résistance, Paul Marchal est arrêté et déporté le 17 avril 1944. Il meurt sous les coups de ses geôliers le 17 janvier 1945. Passionné de scoutisme, comme son épouse, il est resté jusqu’au bout fidèle à son idéal. Ses camarades de captivité témoignent ici de ses très hautes vertus.
CLB
20-Jui-2014


Vingt-trois mois dans les camps nazis. Buchenwald et Langenstein
André Mulier, L’Harmattan, 2013, 140 p., 15 €
L’essentiel de ce livre est le récit, tout simple, de la captivité de l’auteur, déporté en juin 43, sabotant autant qu’il le pouvait le matériel aéronautique sur lequel il travaillait pour les Allemands. Il séjourna 23 mois en camp, le premier étant Buchenwald. C’est le camp au quotidien qu’il nous décrit jusqu’à son évasion (rare performance) in extremis. Mais la biographie est complète, il y a l’avant, il y a l’après. Au milieu, deux ans… de survie.
CLB
20-Jui-2014


Le maquis Serge
Noëlle Renault, Éd. Sutton, 2014, 102 p., 11 €
Par ses photographies et les actes qu’il décrit, « Le maquis Serge » est un remarquable document sur la Résistance dans le Morvan. Il fait bien ressortir les motifs moraux et patriotiques d’un certain nombre de ses membres. La société paysanne ; dans la première moitié du XXe siècle est encore nombreuse et très vivante et la guerre de 1914–1918 est encore très proche.
Cl. Lafaye
20-Jui-2014

Maquis noirs et faux maquis
Fabrice Grenard, Vendémiaire, 2013, 220 p., 8 €
Dans cette réédition, Fabrice Grenard, agrégé d’histoire, reprend un sujet difficile : les faux maquis dans la France occupée. Difficile, en effet, de distinguer le faux du vrai, les simples marginaux des maquis officiels. Quelque suspect que soit leur comportement, certains furent utiles ; ainsi le maquis Lecoz, semant la terreur en Indre-et Loire, fut le libérateur de Loches. C’est cet embrouillamini que l’auteur s’efforce de débrouiller. Il y réussit fort bien. Tant mieux : dévoiler les « maquis noirs », c’est façon de célébrer les blancs.
CLB
20-Jui-2014


La Petite Copiste de Diderot
Danielle Digne, Le Passage, 2013, 240 p., 19 €
À l’occasion du 300e anniversaire de la naissance de Diderot, Danielle Digne nous offre un ouvrage qui tient à la fois du roman, de la biographie et du journal intime, en confiant dans une fiction la plume à une jeune paysanne envoyée de Langres, patrie de Diderot, à Paris pour devenir la copiste de l’encyclopédiste. C’est ainsi que défilent par le truchement d’une jeune femme candide la carrière et le caractère d’un homme de génie qui incarne sans doute le siècle des Lumières français. En conclusion, un livre, agréable à lire et bien documenté ; le procédé littéraire utilisé conduisant toutefois à un style narratif souvent convenu.
J.Cl. Jolain
20-Jui-2014


Les soldats de la honte
Jean-Yves Le Naour, Tempus, 2013, 220 p., 9 €
Alors que commencent les commémorations de la Grande Guerre, à l’occasion du centenaire de sa déclaration, cet ouvrage rappelle l’existence de ces soldats que les événements vont conduire à des troubles psychiques graves et que l’on a voulu oublier. Grâce aux recherches passionnées de Jean-Yves Le Naour, se dresse un paysage jusqu’ici inconnu : apparaissent des militaires et des médecins dans un rôle nouveau parfaitement résumé par cette phrase (p. 29) : « La science est une guerre, elle aussi, et la neurologie un front comme les autres. »
Cl. Lafaye
20-Jui-2014


Guerre froide et espionnage naval
Alexandre Sheldon-Duplaix, Nouveau Monde Éd., 2013, 440 p., 10 €
Ce livre est la réédition d’un ouvrage sensationnel comme tous ceux qui touchent à l’espionnage. C’est ici de l’espionnage naval qu’il s’agit, après la Seconde Guerre mondiale. Le plus piquant ? sans doute l’affaire Murat, impliquant un général français de l’Armée de l’Air, dont les informations seraient à l’origine du déploiement des missiles soviétiques à Cuba. Cela reste toujours à vérifier.
CLB
20-Jui-2014


Essai sur la guerre des partisans
Davidoff Denis, Éd. Astrée, 2012, 136 p., 16 €
Les deux préfaces – celle de l’éditeur et celle du présentateur - situent avec beaucoup de précision le pourquoi et le comment de cet essai qui retrace un grande partie de l’histoire de l’Europe au début du XIXe siècle. La retraite de la Grande Armée de Napoléon est, après cette lecture, parfaitement comprise, mais le lecteur attentif trouvera dans cet essai une projection sur l’évolution du vieux continent aussi bien dans le domaine militaire, remarquablement analysé, que dans le destin des nations déchirées par des conflits que nous avons encore en tête.
Cl. Lafaye
20-Jui-2014


La Grande Guerre expliquée en images
Antoine Prost, Seuil, 2013, 168 p., 25 €
Simple, beau, facile, ce livre est d’abord un recueil d’images. Dessins et photos, celles-ci souvent coloriées, vous font revivre l’horreur, parfois teintée de nostalgie. C’est aussi une sorte de « catéchisme» questions-réponses proposées aux enfants : mobilisation, bataille de la Marne guerre de tranchées, blocus, prix. La première question, « pourquoi ? » et la dernière « quel résultat ? » restent sans réponse.
CLB
20-Jui-2014


Lucie de la Tour du Pin (1770–1853). Marquise–courage
Madeleine Lassère, Éd. du Sud-Ouest, 2014, 208 p., 18 €
L’idée de réécrire d’une façon beaucoup plus simple et plus courte les Mémoires d’Henriette-Lucy de la Tour du Pin permet à l’auteur de dresser le portrait d’une femme exceptionnelle. Cette dernière, fille d’un Écossais, devenue marquise de la Tour du Pin par son mariage avec Frédéric-Séraphin de Gouvernet, décrit avec une étonnante ouverture d’esprit son époque et les grands événements qui l’ont marquée : la Révolution de 1789, l’Empire, la Restauration jusqu’au Second Empire Elle a aussi beaucoup voyagé en France, en Angleterre, aux États-Unis, en Belgique et aux Pays-Bas et dans la campagne française. Un regard incisif et intéressant sur les événements qui ont agité l’Europe et même le continent américains. Mme de la Tour du Pin arrête ses récits en 1815. Dommage !
Cl. Lafaye
20-Jui-2014


Indochine. 1946–1954. Témoignages inédits
La Sabretache, Éd. Bernard Giovannangeli, 2011, 254 p., 23 €
On le rappelle en avant-propos et en introduction, la guerre d’Indochine reste mal connue des Français. Il est vrai qu’elle était inattendue, que le coup de force de mars 45 en est à l’origine et que Leclerc débarquant eût pu, s’il avait été écouté, éviter le drame. Le drame eut lieu et voici de nombreux témoins directs, chacun racontant ce qu’il a vu en un moment précis. Ainsi de ces médecins à Bien Biên Phu, empêchés par les Viets d’exercer leur métier au profit de leurs camarades prisonniers. Véridique !
CLB
20-Jui-2014


 

Ce matin-là et Pocop chez Saint Pierre
Robert Basquin, La Bruyère Éd., 2013, 84 et 130 p., 15 € et 17 €
Plus on est vieux, plus on est gai. Telle paraît être la devise de Robert Basquin, romancier presque nonagénaire. Pocop est son confident, ou son faire-valoir. D’abord à Paris (« Ce matin-là »), ensuite au Paradis ou, plus exactement, devant le tribunal sévère de saint Pierre.
CLB
20-Jui-2014


La bataille de la Lys. Flandre 1918
Yves Buffetaut, Ysec –Ed. , 82 p., 14 €
Voici un épisode peu connu (il y en a encore) de la Grande Guerre. En 1918, Ludendorff, débarrassé des Russes et en dépit des Américains, espère encore. Derniers feux : en Flandre, sur la Lys, les Portugais sont en ligne, et à l’honneur. Qui le sait ? Pour ce qui est des Anglais, on le sait mieux. De superbes documents-photos éclairent un texte dense. Bravo !
CLB
20-Jui-2014


Citoyens-soldats du XXIe siècle. Une réserve opérationnelle pour une armée professionnelle
Alexandre Goyet, Stéphane Granier, Antoine-Louis de Prémonville, Lavauzelle, 2013, 133 p.
Le rôle des « réserves »dans notre armée a été profondément modifié par le passage d’une armée de conscrits à une armée de professionnels. Changement dans les effectifs, aussi dans les missions. C’est ce qu’expliquent les auteurs, tous trois réservistes. Ils établissent le constat et proposent des améliorations. Ainsi présentent-ils les deux pôles autour desquels doit s’articuler une réserve moderne : emplois spécifiques et unités constituées. Excellent.
CLB
20-Jui-2014


Un jeune Kabyle face aux horreurs de la guerre d’Algérie
Kaci Bouchaib, L’Harmattan, 2013, 262 p., 24 €
Un fils de harki, réfugié à Dreux avec sa famille, raconte les souvenirs du bambin qu’il était, dans le djebel Babor, durant la guerre. Son village, d’abord favorable aux rebelles quand ceux-ci étaient kabyles, se retourne vers les Français quand sont arrivés les Arabes de la Willaya 2. Kaci Bouchaib se remémore la tragédie, laquelle s’est terminée en un drame indicible pour ceux des harkis qui n’ont pas pu – ou pas voulu – gagner la France. Horrible !
CLB
20-Jui-2014


Baldaev Dantsig. Gardien de camp. Tatouages et dessins du goulag
Sous la diection de E. Anstett et L. Jurgenson, Éd. des Syrtes, 2013,
208 p., 29 €
Cet album n’est pas à mettre entre toutes les mains. C’est un recueil de documents bruts. Bien qu’il soit présenté par deux femmes, l’une anthropologue, l’autre spécialiste de la littérature russe, il est susceptible de multiples interprétations. De quoi s’agit-il ? D’un témoignage sur le goulag, apporté par un fonctionnaire de la pénitentiaire soviétique à la fin de l’URSS. Les dessins rassemblés sont, d’une part la reproduction de tatouages de détenus, d’autre part des dessins de l’auteur. Gravures et commentaires constituent un extraordinaire document sur l’univers concentrationnaire lequel, hélas, n’a pas qu’une seule patrie.
CLB
20-Jui-2014


L’histoire mouvementée de la reconnaissance officielle des crimes de Vichy contre les Juifs (autour de la commémoration de la rafle du Vel’ d’Hiv’)
Anna Senik, L’Harmattan, 2013, 80 p., 13 €
Ce petit livre est l’historique du Comité Vel’d’Hiv’ 42, écrit par l’un de ses fondateurs. Le comité avait pour but la reconnaissance par la France de sa responsabilité dans la persécution des Juifs durant l’occupation allemande. Il fallut attendre les années 70 pour que le problème soit posé, occulté qu’il était par « le mythe gaullo-communiste » d’une France unanimement résistante. Ce fut la première bataille de la repentance, guerre qui s’est ensuite beaucoup développée. Battre sa coulpe sur la poitrine des ancêtres est devenu notre spécialité, sans que nous pensions aux fautes que nous sommes en train de commettre nous-mêmes. La question posée demeure : le crime  est-il imputable au régime de Vichy ou à la France ? On sait que François Mitterrand l’imputait à Vichy et que Jacques Chirac, lors de la commémoration du 16 juillet 95, en accabla la France. À chacun de juger.
CLB
19-Jui-2014


Dans quelle société voulons-nous vivre ?
Dominique Dumollard, Écrituriales 2014, 196 p., 12 €
Le titre est alléchant. Renforce notre appétit la jolie illustration de couverture, tapisserie moyenâgeuse retouchée par l’épouse de l’auteur. Le contenu nous décevra-t-il ? un peu, en ce que Dominique Dumollard est un économiste. Mais il se pose en disciple de Chantal Delsol et tenant d’un humanisme chrétien. Si son propos est centré sur la production des biens et leur juste répartition, il met, audacieusement, la croissance en question. Écologiste, il préfère qualité de vie à consommation sans frein. Il prône l’établissement d’un « socle social », sorte de minimum vital élargi. Sa conclusion : « Réenchanter la politique ». Vaste programme !
CLB
19-Jui-2014


 

Loin de moi, avec moi ! Papa est militaire
Valentine Pottier, Prividef, 2013, 55 p., 10 €
Un livre tout à fait inattendu, et qu’il faut saluer. Son titre est explicite : « Papa est militaire », quelle affaire !
CLB
19-Jui-2014


Cinq deuils de guerre 1914-1918
Stéphane Audoin-Rouzeau, Texto, 2013, 252 p., 10 €
Ce petit livre est une réédition bienvenue. Il magnifie cinq destins individuels, cinq sacrifiés parmi les milliers d’autres anonymes que la Grande Guerre a fauchés. Parmi ces cinq victimes, Théophile Maupas fusillé dont sa femme, Blanche, a obtenu la réhabilitation.
CLB
19-Jui-2014


Sans ambages
Charles Jeantelot, Nouvelles Éditions Latines, 2013, 320 p., 34 €
Le titre annonce le parler-vrai. Une calligraphie bien choisie rappelle que Charles Jeantelot est un arabisant : il a fait carrière aux Affaires Militaires Musulmanes avant de se reconvertir dans la diplomatie et d’être ambassadeur en plusieurs pays d’Orient. Après deux précédents ouvrages de mémoires, celui-ci, nous dit-il, est un testament. Il est nourri de drames vécus lors de la décolonisation, tant en Indochine qu’en Algérie. Le plus clair du message concerne l’islam, et c’est une mise en garde. Qu’est-ce en effet que l’islamisme ? Rien d'autre que l’islam lui-même, mais pris aujourd’hui au pied de la lettre, laquelle est souveraine et terrible. Nous qui ne croyons plus en aucune Écriture, nous voilà mal partis ! Général Claude Le Borgne (CR)
19-Jui-2014


Les Résistants. Témoignages 1940-1945,
Collectif présenté par Laurent Joffrin, Omnibus, 2013, 928 p., 29 €
Ces témoignages font revivre la Résistance. D’une façon très humaine. On constate la multiplicité des engagements : ceux d’ Henri Frenay, Daniel Mayer, Jean-Pierre Lévy, du Colonel Rémy, pour n’en citer que quelques uns. Seize témoins racontent les moments forts qu’ils ont vécus en les replaçant tout naturellement et très précisément dans leur contexte. En choisissant ces textes dans des ouvrages de souvenirs de chacun (parus entre 1988 et 2011 – la plupart sont aujourd’hui introuvables), l’auteur permet de reconstituer une histoire de la Résistance avec des éléments parfois fort différents et complémentaires.
Cl. L.
19-Jui-2014


Le casque bleu. Mémoires des tranchées sortis de l’oubli
Gérard Chaumette, Le 2 Encres, 2013, 276 p., 24 €
Document extrêmement précis sur le plan militaire certes, mais aussi et surtout sur le plan humain car derrière chaque soldat, chaque gradé, et dans chaque moment il y a le regard d’un témoin qui est très profondément un homme. Cela permet non seulement de comprendre non seulement les événements militaires de la guerre 1914-1918 mais aussi et, peut être, surtout le pourquoi et le comment vécu par chaque soldat dans les tranchées et dans les offensives de ces quatre années. Mais aussi le fonctionnement d’une société de par ses références aux milieux différents dont elle était issue.
Cl. Lafaye
16-Jui-2014


En campagne avec Napoléon, 1813. Récits et témoignages
Christophe Bourachot, Pierre de Taillac Éd., 2013, 432 p., 17 €
Aimez-vous les documents bruts ? Le livre en est constitué. Paru en 1896, légèrement complété ici, c’est un recueil de témoignages directs, laissés par les acteurs de la campagne de 1813. Celle-ci, entre la retraite de Russie et l’abdication, marquée à Leipzig par la « Bataille des Nations », consomma la chute de l’Empereur. Piochez à votre convenance, ou lisez tout, vous êtes dans le feu de l’action.
CLB
16-Jui-2014


Péri
Rudi Meunier, Marivole Éd., 2013, 190 p., 20 €
En se remémorant les souvenirs racontés par un grand père né au début du XXe siècle et en y ajoutant les siens, on survole avec beaucoup d’attention l’existence d’un homme né dans le Nord qui va connaître les deux conflits mondiaux, son installation dans le centre de la France après l’exode, sa vie d’homme. L’auteur raconte le Nord, ses spécificités, ses coutumes, comme le ferait un film documentaire. À sa lecture tout lecteur d’un certain âge verra resurgir son propre passé.
Cl. Lafaye
16-Jui-2014


Armand Simonnot, bûcheron du Morvan
Jean-Yves Boursier, L’Harmattan, 2013, 302 p., 32 €
La vie de ce bûcheron morvandiau qui a vécu au XXe siècle en participant aux mouvements sociaux, politiques et militaires qui l’ont marqué offre une vue générale pleine d’intérêt, tout particulièrement sur le parti communiste. Sans jamais prendre parti, l’auteur rappelle des événements souvent oubliés – parfois même cachés –, qui expliquent certaines prises de position de toutes les tendances, en particulier des attitudes sociales de politiques nées de la signature du pacte germano-soviétique (août 1939) et de sa rupture en juin 1941, mais aussi de faire revivre une vie campagnarde qui, pour être très localisée, est l’image de cette partie de la communauté silencieuse que le monde moderne a grandement oubliée.
Cl. Lafaye
16-Jui-2014


Sun Tzu en Franc
Yann Couderc, Nuvis, 2012, 222 p., 24 €
Banalités chinoises ou expression géniale de toute stratégie ? Ce n’est pas cette question qui intéresse Yann Couderc, officier qui nous livre ici une étude fort érudite sur l’Histoire du traité de Sun Tzu et de sa diffusion en France. Sa quête est passionnante. Si la première traduction française L’Art de la guerre, celle de Amiot, jésuite comme il se doit, date de 1772, ce n’est que 200 ans plus tard que d’autres essais voient le jour, dont celui de Valérie Niquet (1988) est le plus connu. Depuis lors et quelles qu’en soient les variantes, le succès de l’obscur Chinois fut chez nous immense. Obscur ? L’auteur confirme : les lettres de Chine n’écrivent pas le tout-venant, la vérité doit être dissimulée.
CLB
16-Jui-2014


Afghanistan. Regards d'aviateurs
Lt Charline Redin, Sirpa Air, 2011, 240 p., 29 €
Charline Redin, lieutenant dans l'armée de l'air, annonce son livre pour ce qu'il est : « Regards d'aviateurs ». C'est en effet un recueil de témoignages qu'elle nous offre, présenté par une journaliste militaire qui a payé de sa personne ayant accompli trois longs séjours en Afghanistan. Voici les chasseurs en action, les ravitailleurs, les transporteurs, les sauveteurs sur hélicoptères CARACAL, et même les drones HARFANG. Voici, au sol cette fois, les combattants d'élite des commandos parachutistes et les soutiens nécessaires à tous. Voici, enfin, le plus important : le « regard d'avenir » se porte sur l'armée de l'air afghane. Celle-ci a déjà un passé, l'avenir reste à bâtir. Le général Paloméros, alors chef d'état major de notre armée de l'air, donne sa caution à ce bel album : il préface l'ouvrage. On ne va pas le lui reprocher.
CLB
21-sep-12


Le XXe siècle en 30 dates-clés
Stéphanie Cuoq-Petit, Larousse, 2011, 92 p., 4 €
Un siècle en 92 toutes petites pages illustrent de surcroît une gageure, si l’on considère que le siècle en question est « le nôtre », le XXème, dont on doute qu’il en ait existé de plus affreux dans l’histoire des hommes. Voyez donc : Première Guerre mondiale, communisme en Russie, Hitler  au pouvoir, Guerre civile espagnole, Seconde Guerre mondiale, Guerre dite froide, Guerre d’Algérie, chaude celle-ci ! Encore l’auteur ne consacre-t-il pas de chapitre spécial à la bombe atomique. Certes, le siècle semble se mieux terminer : le communisme est mort dans son lit, l’Europe se construit et le dernier chapitre traite, platement, de l’euro. Mais ces petites espérances   ne sauraient compenser ce que Stéphanie Cuoq-Petit appelle la destruction  de « nos croyances les plus sûres ». Dans cette optique, le pire resterait à venir.
Général Claude Le Borgne (cr)
24-Jui-2011


Dépêches Kaboul
Georges Neyrac, Éd. J. Duvernet, 120 p., 14,95 €
Georges Neyrac est un journaliste, reporter de guerre. Lorsqu’il est appelé en mission en Afghanistan il décrit ses angoisses : la séparation de sa famille, le voyage, le centre de presse de fortune à l’arrivée où des commentateurs donnent des informations souvent laconiques. Il nous fait vivre ce qu’il voit, l’environnement de vie des Kaboulis et le quartier résidentiel cossu où se réunissent les médias, ambassadeurs et ONG. Travaillant souvent dans de mauvaises conditions et dans l’urgence il recueille des informations partout où cela est possible, à Kaboul, à la base militaire voire même auprès d’autres journalistes. Il reçoit, guide et informe les visiteurs. Ses rapports sont transmis pour le public occidental mais parfois interprétés, déformant de ce fait la vérité, à sa grande déception. 
R.A.
29-Mars-2011


 

 

0

Tant qu'il y aura des étoiles
Tome I  -  Résistants
Pierre Hentic, Éditions Maho
Trajectoire d’un homme qui, très tôt, va engager sa vie pour défendre, de toutes ses forces, l’idée qu’il se fait de vivre en liberté.
Engagé à 19 ans, il va s’aguerrir sur le terrain clandestin de la Résistance.  Il sera arrêté, emprisonné à Fresnes avant d’être déporté à Dachau.  Intégré dans l’armée d’active comme lieutenant, il participera aux conflits en Indochine et en Algérie et deviendra un chef incontesté dont le courage, les convictions et l’abnégation feront l’admiration de tous ceux qui serviront sous ses ordres.
La jeunesse actuelle devrait puiser dans ce récit des sources de réflexion et y trouver des valeurs, de celles qui donnent un sens à la vie.

Tome II  -  Partisans
Après sa participation à la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, Pierre Hentic, intégré dans l’armée d’active, va vivre deux expériences fondamentales dans les guerres « dites de décolonisation ».
La première en Indochine où il mènera un combat de guérilla avec des partisans et la seconde en Algérie où il est chargé par le commandement de missions spéciales en raison de sa réputation pour ses tactiques de guerre non conventionnelle.
Pierre Hentic fait partie de ces hommes qui apporteront de véritables réponses aux guerres révolutionnaires dans lesquelles la France s’est engagée avec la méconnaissance totale de ce genre de conflit.
Il a fait retentir la sonnette d’alarme. Mais l’a-t-on entendu ou voulu l’entendre ?
A lire
Gérard Brett
29-Mars-2011


Le général de division Legrand-Girarde, historien du Génie
Jacques Dupire, Yssec Éd., 242 pages, 24 €
C’est plus qu’une biographie consacrée au général Legrand-Girarde, général méconnu de l’Histoire, néanmoins un brillant officier du génie et d’état-major, qui servit entre les XIXe et XXe siècles, à laquelle nous invite le major Jacques Dupire.
Ancien du génie également, l’auteur s’est attaché à rassembler non seulement l’ensemble des travaux réalisés par ce militaire aux états de service exceptionnels, mais aussi à collecter cartes et dessins pour illustrer les travaux du général sapeur.
Pour son nouveau biographe, Legrand-Girarde n’était pas uniquement un général hors du commun, il était aussi un grand historien du génie.
Son livre contribue de manière didactique à ressusciter la notoriété de ce général oublié.
BD
29-Mars-2011


Opération Cyclope
Claude d’Abzac, Nouveau Monde Éd. 2010, 376 p., 19,50 €
Romancer l’Histoire c’est une tentation qui est née avec l’Histoire elle-même. Le roman historique est souvent une fresque héroïque. Ici l’auteur décrit non plus la geste mais ce qui en est la réalité : la violence organisée, l’utilisation des hommes, les machinations secrètes. Il a choisi une région sur laquelle le regard des historiens se porte toujours car elle a joué un rôle en cette période de 1945-1946 où la France risquait encore la guerre civile. Madame d’Abzac mêle aux faits une critique qui cherche à analyser le comportement individuel des acteurs perdus dans l’évolution de leur destin : militaires désabusés, victimes des événements, spectateurs engagés malgré eux. Un livre peut être un peu touffu mais finalement oppressant  car tous les protagonistes sont  le jeu des événements qu’ils ne peuvent contrôler.
H.T.
29-Mars-2011


La Révolte des silencieux
Pierre Lours, Éd. Fol’fer – 2010, 188 p., 18€
La politiquement correct gagne le roman policier avec l’aide d’internet. Fini le tribunaux, les individus sont jugés par un site sur lequel s’inscrivent les voix pour et contre la condamnation. Et la peine est connue, c’est la mort. Au vu des résultats,  des bourreaux privés exécutent la sentence. Services de police et services spéciaux sont désorientés. Jusqu’au jour de l’assassinat d’un ancien président de la République et de son successeur. Arrive le président intérimaire qui pour rétablir la situation revient aux vieilles méthodes : la peine de mort en particulier. Ce roman réjouira certains, en irritera beaucoup d’autres. A chacun de choisir sa réaction. Reste un style enlevé... et de savoureuses recettes de cuisine !
H.T.
29-Mars-2011


Guerre en montagne
Hervé de Courrèges, Pierre-Joseph Givre et Nicolas Le Nen, Éd. Economica, 2010, 142p., 19€
Une remarquable étude conduite par les colonels Hervé de Courrèges, Pierre-Joseph Givre et Nicolas Le Nen sur la stratégie et la tactique  de la guerre en montagne. Elle dégage les constantes  qui remontent à la plus haute histoire et les modifications qu’ont pu apporter les moyens techniques de la guerre moderne. Une question demeure cependant. N’existe–t-il pas une forme de guerre particulière et toujours présente qui est la guerre contre les montagnards c’est-à-dire celle que doivent mener ceux qui veulent maîtriser le terrain contre ceux contre ceux qui l’occupent depuis toujours et dont c’est le terrain naturel de la défense. Ce type de guerre est aussi ancien que les autres et demeure d’actualité. C’est celui qui surprend Charlemagne au retour d’Espagne, qui bien plus tard, aujourd’hui, rencontrent ceux qui ont combattu en Algérie, et sont engagés en Afghanistan. C’est l’opposition entre des troupes certes spécialisées et des troupes dont la montagne est le milieu naturel. Le livre n’en parle pas.
H.T.
29-Mars-2011


 

Les Haxo
Benoît Linel, Éd. Les Galops de la nuit, 2010, 170 p., 15€
Voici la biographie de deux généraux lorrains qui ont servi la Révolution, l’Europe et la Restauration. Nicolas, le plus âgé, oncle du second, mourra en luttant contre les Vendéens. Le neveu, François, sera le Vauban de Napoléon et du début du XIX° siècle. Ces deux biographies jointes illustrent la transformation de l’armée au cours de la Révolution puis de l’Empire, notamment par l’arrivée d’une nouvelle catégorie d’officiers issus non pas de la noblesse mais  des classes moyennes et de la bourgeoisie.  Ces derniers en montrent le rôle grandissant dans l’esprit de défense de la France. Ils sont les ancêtres des Lyautey, des Gallieni, des Foch et des Joffre et les précurseurs de ce qui a fait l’unité de la France autour de son armée. Leur mémoire méritait d’être rappelée car elle illustre l’unité du pays dans sa défense.
H.T.
29-Mars-2011


Le Corps de la France
Michel Bernard, La Table Ronde, 2010, 210 p., 17 €
Derrière le livre de souvenirs se cachent des « choses » très importantes. D’abord, dès le début la renaissance de Léon Werth. Ce très grand écrivain, ce très grand témoin est aujourd’hui étrangement oublié. Tous ceux qui ont vécu la guerre de 1914, Roland Dorgelès compris, considèrent que « le » livre sur cette douloureuse période est « Clavel soldat ». Et que le témoignage majeur sur les années 1940/1944 est « Déposition ». Pourquoi ce silence et merci à Michel Bernard de le rompre. Ensuite, chaque page est la réminiscence sensible de moments difficiles ou heureux vus par un adolescent curieux, attentif, honnête. C’est beaucoup plus qu’un livre d’historien, c’est un livre dont le cœur dépasse souvent, sans la modifier, la mémoire.
Cl. L.
29-Mars-2011


Le mythe gaullien
Sudhir Hazareeginh, Gallimard, 2010, 282 p., 21 €
L’auteur annonce, en titre, son intention : le « mythe » gaullien. Ce n’est pas, au premier abord, un grand hommage rendu à l’œuvre du Général. L’auteur ne va-t-il pas mettre à bas la statue du commandeur ? Les choses sont plus compliquées. Le mythe est solidement ancré, sur un amoncellement de perceptions diverses et contradictoires. Et pourtant, de cette diversité, de ces contradictions même, résulte un bloc de certitudes qu’on serait en peine de cerner. Les périodes que l’on dit heureuses en éloignent, les temps d’épreuve y ramènent.
CLB
29-Mars-2011


Juin 40 ou les paradoxes de l’honneur
Philippe de Saint Robert, CNRS Éditions, 2010, 60 p., 4 €
Philippe de Saint Robert, confident du général de Gaulle, parle brièvement (60 petites pages) de juin 40. Pas de surprise sur la personne du Général et sur la signification de l’appel du 18 juin : espérance, résistance, souveraineté bafouée qu’il importe de restaurer. Quelques notations méritent pourtant l’attention : sur le peu d’estime que porte de Gaulle à la République, sur sa foi religieuse à l’épreuve de la naissance de sa fille Anne ; sur Pétain aussi, pas sénile mais foncièrement pessimiste, et piètre stratège. Vite lu.
CLB
29-Mars-2011   


 

Le Général de Gaulle
Yvonne Salmon, Éd. des Équateurs, 2010, 22 €
Encore une biographie du Général ! L’exclamation attendue ne se justifie pas ici. Le texte d’Yvonne Salmon est une réédition. Il constitue, en date, la deuxième biographie de De Gaulle. Elle fut écrite à Londres, où l’auteur se trouvait à l’Alliance française, à la fin de 1942. L’époque est cruciale. Les Américains ont débarqué en Afrique du Nord, et de Gaulle, tenu à l’écart, doit faire face à l’hostilité de Roosevelt. L’intention de Madame Salmon s’inscrit dans ce contexte : sa vision est pédagogique. De la pédagogie au panégyrique, il n’y a qu’un pas, vite franchi. C’est donc d’un document pour l’histoire qu’il s’agit. Sa valeur s’augmente de la reproduction, en annexe, d'extraits du manuscrit original, annoté de la main du Général.
CLB
28-Mars-2011


Carnets de déroute 1939-1949. Lettres et récits inédits
Éric Deroo et Pierre de Taillac, Éd. Tallandier, 2010, 222 p., 17 €
Éric Deroo est le talentueux metteur en scène de notre histoire militaire et coloniale. Il réunit ici plus de cent documents inédits, et intimes, sur le premier acte tragique de notre Seconde Guerre mondiale : 1939-1940. Il est aidé de Pierre de Taillac, diplômé de Sciences Po mais aussi du King’s College de Londres. Le résultat de leur collaboration est excellent. Les documents se suffisent à eux-mêmes, lettres ou carnets personnels, mais de bons textes les présentent opportunément, et les partagent : pour l’essentiel, « drôle de guerre » jusqu’en mai 40, enfer ensuite, et défaite. Une réserve pourtant s’impose : les auteurs parlent  dans le titre de déroute, et dans le chapitre le plus chaud de « grande débandade ». Deroo, spécialiste, sait bien que les coloniaux livrèrent là d’admirables combats, dont nombre de documents rendent compte avec justesse et dignité.
CLB
28-Mars-2011


L’ombre du général de Gaulle. André Diethelm (1896 – 1954)
Gilles Lambert, Éd. Philippe Rey, 2010, 188 p., 18 €
Un fidèle discret, ainsi peut se définir André Diethelm. « Ombre du Général », va  jusqu’à dire l’auteur de cette biographie. C’est en juin 40 que les deux hommes se rencontrent. C’est l’heure du grand choix, et Diethelm poussera de Gaulle vers son invraisemblable destin. S’étant reconnus l’un l’autre, le Général fera d’André Diethelm son « ministre » des Finances, puis celui de la Guerre. 1946, première retraite du grand homme, que Diethelm désapprouve. Dès lors, c’est en vue du retour espéré qu’il travaillera. Il ne le verra pas, vaincu par la maladie en 1954. Cet homme discret n’a rien publié. Gilles Lambert lui rend un hommage mérité.
CLB
28-Mars-2011


Les Oubliées
Lilo Petersen, Éd. Jacob-Duvernet, 2007, 240 p., 20 €
Il y a toujours des oubliés. Ceux-ci – celles-ci sont des femmes allemandes qui, réfugiées en France pour échapper au régime nazi, y furent rattrapées, en 39, par la guerre. Première rafle du « Vel d’Hiv » et internement. Pour une jeunesse d’errance : Paris, la Suisse, Prague, Paris encore, retour en Allemagne où l’auteur voit la destruction de Berlin. En somme, une horreur originale !
CLB
28-Mars-2011


Atlas de la France Libre
Sébastien Albertelli, Éd. Autrement, 2010, 78 p., 17 €
« Atlas » est ici à prendre au sens moderne du mot : on trouve dans celui-ci plus de textes et de tableaux que de cartes. Ce choix multiforme permet à l’auteur une présentation complète de l’épopée des Français Libres. Épopée vécue par de rares volontaires. Étaient-ils héroïques, lucides, inconscients ? Ces trois vertus étaient sans doute bien partagées entre eux, sinon en chacun d’eux. Ils méritent bien de figurer dans notre grande mémoire nationale. L’auteur a apporté sa pierre au monument.
CLB
28-Mars-2011


Tranchecaille
Patrick Pécherot, Folio, 2008, 314 p., 7,10 €
Gallimard édite, dans sa collection Folio, un nouveau roman de Patrick Pécherot. « Meilleur roman noir francophone 2009 », annonce la bande d’éditeur. Noir assurément, puisqu’il s’agit, en pleine « Grande Guerre » (1917), du jugement d’un poilu accusé d’avoir assassiné son lieutenant. Le drame est vécu à travers l’enquête que mène, dans la hâte que les circonstances imposent, l’officier commis à la défense du prévenu. Drame certes, petit drame dans le grand drame de ces années terribles.
CLB
28-Mars-2011


Le viol de Nankin
Iris Chang, Payot, 2010, 364 p., 10 €
Le livre est paru initialement en langue anglaise. Les Editions Payot en ont publié la traduction en 2007. Elles le rééditent en 2010 en édition de poche. Bonne idée, le drame de Nankin, fin 1937, est représentatif des massacres perpétrés par l’armée japonaise de 1937 à 1945. L’auteur a ses sources : ses grands parents ont vécu la tragédie. Ses parents, exilés à Taiwan, la lui ont racontée. Elle-même, devenue américaine, l’écrit. Elle expose le drame, certes, mais aussi le traumatisme qui en est résulté et qui dure jusqu’à maintenant. Un traumatisme, inverse, pèse encore sur la mémoire japonaise.
CLB
28-Mars-2011


Stèles à de Gaulle
Philippe Le Guillou, Folio, 2010, 280 p.
Quarantième anniversaire oblige : Gallimard réédite, en collection Folio, les Stèles à de Gaulle, ouvrage que Philippe Le Guillou avait écrit en 2000. Cet homme est tombé sous le charme de son héros lorsque, âgé de quelque dix printemps, sa mère, un beau matin, lui apprit la mort du Général. Ce qui s’inscrit dans un esprit enfantin est gravé dans la pierre. C’est cette gravure qui inspire l’hommage, partagé en de courts chapitres. Voici Péguy, Pétain, Churchill, Malraux, Debré, Pompidou, Mitterrand, Couve de Murville... et Dieu. Voici encore Lille, l’île de Sein, le Petit-Clamart, le Québec, Baden-Baden... et Colombey. Une sorte de dictionnaire amoureux ? Certes, mais le titre est déjà pris, et par notre président.
CLB
25-Mars-2011


Task  Force Tiger
Nicolas Le Nen, Éd. Economica, 2010,  114 p., 15 €
On écrit beaucoup dans l’armée d’aujourd’hui. Le général Eric Bonnemaison dirige une collection chez Économica. Il dirige aussi nos élèves-officiers, aux Ecoles de Coëtquidan. Nul doute qu’il ne les pousse à manier la plume.  Il y a fort à parier qu’il sera entendu. Que ce soit une bonne chose reste à prouver. Le Colonel Le Nen le croit, et paie de sa personne. Après avoir réfléchi sur la guerre en montagne, il récidive en publiant ses souvenirs d’Afghanistan. Il y a continuité : les Chasseurs alpins qu’il commandait ne devaient pas être, en Kapisa, dépaysés. Quelque réserve qu’on ait sur le personnage du militaire écrivain, la situation afghane et la nature de la « guerre » qu’on y mène sont si compliquées et leur issue si incertaine que toutes les bonnes têtes se doivent d’y réfléchir, fût-ce sous le casque ou sous la « tarte ». Bonne chance, jeunes gens !
Général Claude Le Borgne (cr)
25-Mars-2011


Évasion 44. Souvenirs inédits de la Grande Guerre
Yvonne Pagniez, Éd. Le Félin, 2010, 272 p., 22 €
Ce livre est une réédition. Les Éditions Flammarion l’ont publié en 1949. Il faut savoir gré aux Éditions Le Félin et à la Direction de la mémoire du ministère de la Défense de le remettre au goût du jour.  C’est qu’en effet ils sont bien peu nombreux à avoir réussi l’évasion des camps nazis de déportation. Qu’une femme y soit parvenue est une belle performance. Il est vrai que cette femme-là n’est pas ordinaire. Née en 1896, elle se fait espionne lorsque la Seconde Guerre mondiale s’annonce. La Gestapo l’arrête en juin 1944 et la déporte en août. Internée à Ravensbrück, elle profite d’un transfert en train pour s’évader, en octobre. Reprise à la frontière suisse, elle sera libérée par les Alliés au printemps 45. La paix revenue en France, la guerre semble manquer à Yvonne Pagniez : la voici correspondant de guerre en Indochine, en Algérie enfin. En 1981, s’éteignit cette flamme. Le livre lui redonne vie.
CLB
25-Mars-2011


La libération de la France, L’Indochine
Franco Urbini, Éd. L’Harmattan, 2009, 148 p., 15 €
Ceci n’est pas un livre, mais une conversation. Et de cette manière le lecteur apprend certes beaucoup de choses sur ce qui s’est passé dans la vie militaire d’Urbini mais ne peut pas ne pas se poser en permanence des questions sur une époque, mais plus sur le comportement de ceux qui l’ont faite au quotidien que sur l’histoire elle-même. Que ce soient les prises personnelles de position à chaque événement ou, sans nulle fioriture le bon et le mauvais comportement des autres qui créent ainsi le climat, les questions se posent. Certaines pages – de la guerre d’Indochine – font frémir. C’est aussi le portrait sans retouche aucune d’un homme qui a eu de son devoir une idée dont il ne se rend pas compte de la hauteur.
Claude Lafaye
25-Mars-2011


La Première Résistance : le camouflage des armes
Philibert de Loisy, L’Esprit du livre, 2010, 400 p., 22 €
L’auteur nous parle de l’activité des services spéciaux  des militaires qui ont participé au camouflage des armes pendant la période de 1940-1942. Ceux-ci ont organisé un réseau clandestin pour soustraire des armes depuis les usines de fabrication ou d’usines clandestines,  les transporter et les faire stocker avec le concours d’agents  de renseignements de liaisons et de la population. Ce réseau de camouflage de matériel militaire, CDM, a caché des milliers de tonnes de matériel et aussi en a fabriqué, transformé et réparé clandestinement pour échapper à la surveillance de l’ennemi ou de Vichy, ou des représailles... Ce livre est bien documenté – notes à la fin - par la recherche d’archives françaises et allemandes et par des témoignages dont ceux du père de l’auteur, de la famille Mollard, des archives fournies par M. J. Triquigneaux...
R. A.
25-Mars-2011


Le Grand Dictionnaire de l'argot militaire
Jean-Marie Cassagne, LBM, 164 p., 22 €
Voici un ouvrage intéressant pour les différentes armes et écoles militaires de l'armée française. Intéressant au point de vue anecdotique et humoristique allant d'ailleurs jusqu'aux grosses plaisanteries dites de corps de garde puisqu'il concerne l'argot militaire.
Je n'ai pas lu l'ouvrage ligne par ligne mais je crois que l'auteur n'a guère parlé de l'argot de Polytechnique ?
En revanche, l'auteur cite l'argot historique des armées du Premier Empire, de celui des armées du XIXe siècle, de la Grande Guerre 1914/1918, de la guerre d'Algérie, et à ces titres dépasse le côté humoristique de l'ouvrage.
Il y a près de 3.500 entrées dans ce dictionnaire. L'auteur, linguiste, donne de savantes étymologies et tout en feuilletant l'ouvrage on finit par en lire les trois quarts. Bonne lecture !
M.R.
25-Mars-2011


Scènes de la vie du maquis
Henri Nanot, Éd. Lucien Souny, 2010, 256 p., 18 €
La réédition de cet ouvrage, plus d’un demi-siècle après sa sortie, est d’une extrême importance pour  comprendre – et connaître – ce que fut le maquis du temps de l’Occupation allemande. On n’a jamais l’impression de « lire un texte » mais plutôt « d’entendre » un homme raconter ses engagements, ses sentiments, ses haines, ses passions et celles de ses camarades dans un combat difficile. La simplicité de l’écriture favorise la connaissance d’une époque et permet surtout de comprendre chacun des événements et des sentiments qui ont fait de ces quatre années le passage d’une mentalité à une autre, d’une civilisation à une autre et explique également un certains nombre de faits que ceux qui ne les ont pas vécus continueraient à ignorer totalement sans ces pages.
Claude Lafaye
25-Mars-2011


Le  château de Pierrefonds
Gérard Dalmaz, Éd. du Patrimoine, 64 p., 12 €
Vieille ruine rénovée par Viollet-le-Duc, voilà de quoi rebuter les snobs. Ils ont tort. Le restaurateur génial vaut beaucoup mieux que ce qu’en disent les précieux. Edifiée au Moyen Âge, la forteresse  est au cœur des guerres de religion, pour son malheur : Richelieu, excédé, la démantèle. Trois siècles plus tard, Napoléon III et Viollet-le-Duc font alliance pour la restaurer. Ce qu’ils réalisent, de façon magistrale : à l’identique pour l’extérieur, à la fantaisie de l’architecte pour les intérieurs, mais fantaisie grandiose. Tout cela valait bien un album moderne. Il est là superbe et véridique.
CLB
25-Mars-2011


Les Contre-Torpilleurs de type Guépard 1928 – 1942
Jean Moulin, Marines Éditions, 2010, 226 p., 33 €
Jean Moulin est, on le sait, un historien reconnu de la marine de guerre moderne. Cet ouvrage a la qualité, scientifique et artistique, des précédents. Il présente six contre-torpilleurs de type Guépard, construits en 1925 et 1926, précurseurs d’une longue série de navires analogues. Les ancêtres dont on parle ici ont eu une triste fin : ils sont morts dans le sabordage de notre flotte à Toulon, le 27 novembre 1942.
CLB
25-Mars-2011


Charles de Gaulle. Lettres, notes et carnets
Philippe de Gaulle, Bouquins, 2010, 
1er tome, 1905-1941, 1416 p.
2ème tome 1942-1958, 1338 p.
3ème tome, 1958- 1970, 30 €/1.
L’amiral Philippe de Gaulle poursuit avec ténacité l’œuvre que lui inspire la piété filiale. Publiés une première fois chez Plon, en treize tomes, voici, réédités par Robert Laffont dans la collection Bouquins, les écrits – que l’on peut dire intimes – de Charles de Gaulle. Trois tomes cette fois, mais chacun de quelque 1400 pages serrées : quel homme de plume que notre général ! Ses écrits, recommande son fils, sont à prendre pour ce qu’ils sont : rédigés à la hâte, débutant lorsque « l’auteur » est au collège, ils sont, au choix, distractions pour le curieux ou documents pour l’historien. Cherchez, picorez, vous êtes assuré de trouver ce qui vous convient.
CLB
25-Mars-2011


Souvenirs 1939 – 1946. « Ne me dites pas que c’est impossible ! »
Capitaine Jean Mauras, Éd. Lavauzelle – 2010, 238 p., 25 €
Le grand intérêt de ce livre est qu’il est un témoignage authentique, sans nulle fioriture, de la vie  d‘un homme croyant à ses devoirs envers son pays et vivant ainsi les durs moments d’une difficile époque. Que ce soit pour son plaisir en poésie (pour le préambule) ou en mettant en phrases des notes journalières,  on y découvre un parcours d’honnêteté – et par là même l’Histoire au quotidien. A noter également que son souci de vérité l’amène à des corrections historiques  comme mettre à sa place réelle de première  ville française libérée le 6 juin 1944 Sainte-Marie-du-Mont et non Sainte-Mère-l’Église, et aussi de rappeler la dépendance à l’armée américaine de la 2° DB.
Cl. Lafaye
25-Mars-2011


 

Le Carnaval des Ardents. Les Années vert-de-gris
Pierre Fyot, Éd. de l’Armançon, 2010 , 192 p, 17 €
L’intérêt majeur de cet ouvrage est que le « roman » est en réalité un mélange de souvenirs, d’événements vécus, à l’intérieur d’une histoire à peine imaginaire. Cela permet d’avoir une idée complémentaire sur le climat qui régna en France pendant les années noires de l’occupation par l’armée allemande et, en même temps, explique certains comportements de ceux qui avaient choisi un des trois camps : fidélité respectueuse au Maréchal Pétain, Résistance, Collaboration. Un livre d’une grande honnêteté.
Cl. Lafaye
25-Mars-2011


Salvatoregiulianolassassincolonel

Salvatore Giuliano. L’assassin colonel
Claude Delfau-Mignot, L’Harmattan, 2009, 538 p., 29 €
Est-ce du roman, est-ce de l’histoire ? Les deux, bien dans la ligne de l’œuvre de Claude Delfau-Mignot, philosophe et journaliste dont l’Italie est la seconde patrie. La Sicile est le cadre de ce récit épique qui met en scène « un jeune homme aimable qui se métamorphose en criminel ». La métamorphose suit l’air du temps, celui de la Sicile de la guerre, de l’après-guerre... et de la mafia, on s’en doute. Voilà qui promet !
CLB
25-Mars-2011


grouilleourouille

Grouille ou rouille. Voyager, militer, enseigner
François Moppert, Éd. Thélès 2008, 290 p., 16,90 €
François Moppert est ancien officier, et même officier de gendarmerie. L’appartenance à ce corps d’élite ne met pas à l’abri des états d’âme, voilà ce que ces mémoires prouvent. Les troubles de l’auteur sont sous-tendus par un choix clair : de Gaulle et la France, de Gaulle stratège indépassable. En Algérie, de 56 à 62, notre gaulliste avait de quoi nourrir sa passion, et sa hargne à l’égard de ceux qui ne la partagent pas. Il quittera l’armée en 1969, l’année même où de Gaulle quittera la France. Son parcours ne s’arrête pas là, il se prolongera, plus paisiblement, à Tahiti, où il enseignera... l’histoire.
CLB
24-mars-11


Lecheminduroy

Le chemin du Roy
Les Remparts de la Liberté

Jacques Berlioz-Curlet, Les Écrivains de la Côte, La Rochelle, 328 p., 15 €
Ce livre clôt une trilogie, grande œuvre de Jacques Berlioz-Curlet sous le titre « Les remparts de la liberté ». C’est sous ceux de La Rochelle que le roman débute. Roman oui, histoire aussi comme en attesteraient le souci des lieux (La Rochelle aux XVI° et XVII° siècles) et la bibliographie jointe en annexe. L’auteur, au demeurant, est rochelais. La Rochelle, donc, et son siège affreux, en 1628 : le maire de la ville, Jean Guiton, face à Richelieu et aidé d’un comparse de choc, François Bluteau, héros du livre. Celui-ci, sa ville prise, part pour la Nouvelle France... laquelle est, vous le savez, au Canada. Suspense...
CLB
24-mars-11


JacquesLaigreDubreuil

Jacques Lemaigre Dubreuil, de Paris à Casablanca. Vingt ans d’engagements (1935 – 1955)
William A. Hoisington Jr, L’Harmattan, 2009, 300 p., 28 €
Un ouvrage d’une très grande importance. Non seulement parce qu’il décrit avec une grande précision le parcours d’un homme qui joua un rôle important dans la politique et dans l’économie pendant vingt années difficiles mais aussi parce que l’on se trouve, enfin, devant la description d’une période particulièrement mouvementée de notre histoire. Pour la première fois, avec une absence totale de prise de position personnelle, d’atténuation ou d’agrandissement des événements qui ont agité ces années, sont décrits les bouleversements de tous ordres et l’indépendance du Maroc, prélude à la fin de la décolonisation française. Une exposition des faits sans regret ni orgueil comme ce fut souvent le cas. La masse des documents consultés, des archives personnelles, publiques, privées, aux ouvrages et thèses en passant par les textes gouvernementaux, les publications officielles et les mémoires, permet de confirmer la rigueur et la mentalité de l’auteur. Un livre indispensable à toute personne qui s’intéresse à l’Histoire.
Cl. L.
24-mars-11


Les Français parlent aux Français
Collectif,  Omnibus, 2010, 1138 p., 29 €
Le premier volume – et les deux autres sont attendus avec impatience – présente plusieurs intérêts. Passons sur celui de ce que les textes rappellent à ceux qui les ont entendus (hélas, l’âge fait diminuer leur nombre) car ils créent de très fortes remontées de mémoire. Par contre et c’est très important, on peut enfin lire l’ensemble de ce qui fut dit à la radio de Londres par ceux qui refusaient l’Armistice, donc l’occupation allemande et la défaite. Le petit volume de présentation donne une remarquable mise en place historique pour le lecteur. On voit naître au fil des pages non seulement l’Histoire mais ce qui la crée dans le cœur et l’esprit de ceux qui la vivent au jour le jour. Et l’on se rend compte de l’énorme place que tient l’ambiance dans le déroulement des faits. A lire absolument pour permettre de recréer les événements.
Claude Lafaye
24-mars-11


Operationwalkyrie

Opération Walkyrie
Jean-Paul Picaper, Éd. L’Archipel, 458 p., 21 €
Ce livre de Jean-Paul Picaper est en général bien documenté, surtout grâce aux témoignages des descendants des conjurés. Il y manque cependant des sources d’archives et en particulier « La Schwarze Kapelle », le nom du regroupement des conjurés préparant l’attentat contre Hitler ourdi par des officiers supérieurs de la Wehrmacht. L’exécuteur poseur de la bombe, Stauffenberg, y est présenté comme le chef du complot, alors que son âme véritable  semble bien en avoir été le général Ludwig Beck, dans le sillage de l’amiral Canaris. L’auteur paraît ignorer les tentatives successives de ces officiers supérieurs pour rencontrer des émissaires alliés afin de négocier le retrait de l’armée allemande derrière la frontière allemande après l’élimination d’Hitler : celle de l’amiral Canaris à Paris à la chapelle de la Sainte-Agonie, ou celle des maréchaux von Kluge et Rommel dans la poche de Mortain Falaise. Dès 1998, un ouvrage déposé avec un dossier d’enquête au Service historique de la Défense (1K 984 DITEEX), avait consacré deux chapitres à la « Schwarze Kapelle », tant pour ces tentatives de négociations  que pour l’exécution de l’attentat lui-même. En dépit de ces manques, « Opération Walkyrie »  de Jean-Paul Picaper démontre un travail important de recherches sur l’attentat lui-même ainsi que sur ses suites.
Michel Talon
24-mars-11


 

Les Bataillons thaïs en Indochine
Michel David et Louis-Marie Regnier, Éd. Le Pays de Dinan, 190 p.
Les bataillons thaïs ont été peu célébrés dans la littérature militaire consacrée à notre guerre d’Indochine. On connaît, certes,  le sort tragique de ces « moyens montagnards », peuple pittoresque et charmant, dont l’éloignement des « Annamites » a favorisé le concours apporté aux Français, concours qu’il a durement payé. On connaît aussi l’action que les Thaïs ont menée sur les arrières ennemis dans le cadre du GCMA. On connaît moins les combats des trois bataillons réguliers créés en 1947, qui se sont battus jusqu’à Diên Biên Phu. Cet oubli est ici réparé par deux historiens militaires, un maître et son élève, tous deux saint-cyriens. Leur récit, bien documenté, est illustré de photos précieuses. On signalera particulièrement la défense de Nghia Do, victorieusement menée par le capitaine Delcourt. A Diên Biên Phu, la vérité est rétablie concernant le 3° bataillon. Celui-ci eut un tiers de ses gens tués ou blessés. Parler, à ce propos, de la désertion d’une partie de ses effectifs est un abus de mot : celui-ci s’applique mal à la fantaisie qui est dans le caractère des Thaïs, fussent-ils soldats réguliers.
Général Claude Le Borgne (cr)
24-mars-11


Larminat

Larminat, un fidèle hors série
Éditions LBM, collectif, avec le concours de la Fondation Charles De Gaulle, préface d’Etienne Burin des Roziers, 390 p., 19,40 €
Fidèle parmi les fidèles de De Gaulle, dès juin 1940, puis avec Catroux, Leclerc, Juin, Koenig, de Lattre, Messmer et avec tant d’autres qui ont libéré la France à partir de l’Afrique, le général Edgard de Larminat fut aussi l’un des plus atypiques. Officier non-conformiste, homme à la personnalité complexe même, il est pourtant une sorte de héros méconnu.
Il a de nombreux faits d’armes à son actif et aura été fidèle à de Gaulle jusqu’au bout, selon ceux qui l’ont bien connu. Jusqu’au bout de sa vie, le jour où il a mis fin à ses jours. Acte d’honneur, de courage ou de renoncement ? Le président de la République venait de le charger de présider le tribunal militaire au procès des officiers du putsch d’Alger.
C’est le premier ouvrage consacré à cet homme. En cela, ce livre écrit par une douzaine d’historiens et de militaires (avec en annexe de nombreux témoignages) répare une injustice à l’égard d’un combattant fin et cultivé contrairement au portrait de « reître et godillot » que lui ont brossé certains de ses coreligionnaires.
Un ouvrage de référence pour les historiographes et les biographes et un recueil de récits instructifs et passionnants pour les lecteurs qui s’intéressent au parcours d’un grand militaire méconnu et hors du commun.
BD
24-mars-11


Le 13 mai du général Salan
Jacques Valette, L’Esprit du livre, 18 €
Voici un petit ouvrage qui doit permettre à tous ceux  qui se penchent sur les événements d’Algérie de se faire  une idée très claire de l’action du Général Salan.
Fin diplomate – il l’avait prouvé en Indochine aux côtés du Général Leclerc – il fut un grand chef militaire qui remporta la victoire sur le FLN en Algérie, victoire que la politique gouvernementale de l’époque cèdera à ses opposants algériens.
Il fut injustement dénigré et mené devant les tribunaux. Mais, en Histoire, pour ceux qui l’étudient, seule la vérité est historique.
A lire et à faire lire.
Gérard Brett
24-mars-11


lexode

L'exode, un drame oublié
Eric Alary, Perrin, 2010, 468 p., 22 €
L'auteur nous fait littéralement plonger dans les batailles de cette malheureuse campagne. Nous sommes au plus près des combats. Les détails sont beaucoup plus techniques que stratégiques ou tactiques. Dominique Lormier s'applique à nous décrire l'attitude des Français et des Allemands (n'oublions pas les Belges les Anglais les Néerlandais et les Luxembourgeois) dans leur courage, dans leurs peurs, dans leur sacrifice.
Il réhabilite, avec d'autres, la pugnacité de l'armée française, tant décriée par ailleurs. De nombreuses unités, armées, divisions, régiments... sont cités avec leurs exploits à la clef. Il n'oublie pas l'aviation ni la marine qui ont aussi payé un lourd tribut dans ces affrontements.
Le matériel était parfois très bon - citons le char R35 SOMUA - la tactique n'était pas toujours aussi mauvaise qu'on a pu l'écrire. L'erreur stratégique a été fatale, les Ardennes n'étaient pas infranchissables et « on ne les a pas repincés à la sortie » malgré le courage de ceux qui les attendaient.
Il aurait fallu un index pour que cet ouvrage fût complet dans l'étude de cette période dans l'esprit où l'auteur l'a conçue.
Excellent ouvrage venant en complément des études stratégiques pures sur la période.
Lt. C. R.
24-mars-11


 

Les Chemins de cendre
Hubert Weber,  a.c.a., 2010, 158 p., 20 €
Bien que son nom apparaisse en 1ère de couverture, ce n’est pas Monsieur Hubert Weber qui a écrit cet ouvrage.  En fait, ce sont les élèves d’une classe terminale du Lycée Professionnel Pierre de Coubertin de Meaux qui, après avoir recueilli pendant de nombreux entretiens avec M. Weber, les souvenirs de cet ancien résistant et déporté, ont rédigé le livre, sous la direction du corps enseignant.
Le livre est très bien conçu et réalisé, riche de documents personnels du déporté et de la recherche faite par les élèves dans les archives départementales et nationales, illustré de dessins et de compositions des participants à ce travail de mémoire.  Il mérite largement sa place dans la bibliothèque de l’A.E.C.  Il donnera aux lecteurs s’intéressant à ce sujet une vision du drame vécu par M. Weber et la vision qu’en ont traduit les jeunes plus de soixante ans après les événements.
Gérard Brett
24-mars-11


Le général Alphonse Georges

Le général Alphonse Georges. Un destin inachevé
Max Schiavon, Ed. Anovi, septembre 2009.
Les conditions dans lesquelles a été écrite la biographie du général Georges pouvaient laisser penser que nous allions lire une « hagiographie ». Il n'en est rien. Tout, ou presque, est dit sur Alphonse Georges. D'abord sur son côté très positif : enfance, collège, Saint-Cyr, école de guerre. Il est partout premier ou dans les premiers. Les tâches qui lui sont confiées sont remplies avec la plus grande exactitude. Qu'il s'agisse de l'Outremer, de la Grande Guerre, des temps de commandement, de son service dans l'État-Major tout est parfait, on peut compter sur lui. Il manque de peu le commandement en chef de l'armée française : on lui préfère Gamelin. La mésentente entre eux, l'organisation complètement débile du commandement en 1939, auxquelles il faudrait ajouter les séquelles des blessures reçues lors de l'assassinat d'Alexandre de Yougoslavie, font que Georges a un passage à vide en mai 1940 au moment où le pays aurait eu vraiment besoin de lui. Il reste qu'il s'agit d'un grand soldat, très brave (blessé grièvement en 1914) payant de sa personne et prenant ses responsabilités. Ajoutons qu'à travers cette biographie on peut suivre ce qui s'est passé en France de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe. À signaler de nombreux encadrés sur les personnages contemporains accompagnés d'illustrations qui font de cette œuvre une somme où n'est pas oublié son rôle ultime en AFN (1943-1944).
MR
24-mars-11


Nous les combattants d'Indochine

Nous, les combattants d'Indochine 1940-1955
Georges Fleury, François Bourin Éd., 2011, 410 p., 23 €
Notre association, fidèle à ses origines, a apporté sa contribution à la mémoire nationale en publiant des souvenirs des campagnes de France et d'Algérie. Elle publie, cette fois, des témoignages, sur la guerre d'Indochine recueillis et présentés par Georges Fleury, incontestable spécialiste de nos œuvres militaires modernes. Celui-ci ne s'est pas contenté de reproduire. Son livre restitue la trame de nos combats Indochinois, depuis nos premières entreprises jusqu'à leur triste fin. On appréciera, en particulier, le tableau nuancé de l'impossible situation de notre colonie en 1940 et de la façon, somme toute habile, dont s'en sont sortis les deux amiraux en ...oux, Catroux-Decoux, seuls face aux Japonais à l'autre bout du monde. Georges Fleury n'a pas éludé, non plus, les essais timides de résistance intérieure, répondant au souci gaullien de la probation sacrificielle. Le reste, soit la reconquête et l'échec de notre maintien, est mieux connu, mais rajeuni ici par le regard des acteurs. Acteurs dépassés par les événements, comme il en va dans toute guerre. N'est-ce pas cette sorte d'indifférence qui donne du prix à leurs épreuves ?
CLB
25-fév-11


La Tourmente. 1830-1964. La France en Afrique du Nord
Serge Cattet, UNC-ECPAD-LBM, 2010, 375 p., 29 €, en vente à l'Unc
Histoire et témoignages sont les deux volets de ce beau livre.  De l’histoire, Serge Cattet, agrégé, se charge, avec compétence, objectivité et élégance. Si le temps (1830 à 1964) et l’espace (toute l’Afrique du Nord) sont largement annoncés en titres, c’est de l’Algérie que l’on parle pour l’essentiel, et de la guerre qui a abouti à son indépendance. Les témoignages sont le résultat d’un questionnaire auquel 167 anciens combattants ont accepté de répondre. Beau livre, disions nous, il l’est par la qualité de sa présentation, les photos qui l’illustrent, les annexes qui le complètent, le tout proposé pour un prix très modeste. De l’ensemble, et d’abord des témoignages, le lecteur sera sensible à une incontestable véracité, dont les contradictions sont la meilleure preuve. Maurice Faivre, en avant-propos, le souligne : les sentiments se partagent entre réprobation, résignation et fierté, mais la solidarité – la camaraderie – reste le ciment de la communauté militaire.
On se permettra une réserve, qui touche à la grande politique. L’impasse dramatique dans laquelle la France s’est trouvée engagée en Algérie est insuffisamment soulignée. Il n’y avait pas, dès lors, de bonne solution. Celle que le commandement, fort de son expérience d’Indochine, mit un temps en œuvre, était trahison de nos valeurs nationales. Celle que de Gaulle choisit n’était pas bonne non plus. Mais lui seul pouvait l’imposer.
Général Claude Le Borgne (cr)
5-jan-11

Les Cadets de Saumur, Juin 1940
Patrick de Gmeline, Presses de la Cité, 2010, 398 p., 21, 50 €.
Publié en 1993, cet ouvrage de Patrick de Gmeline est heureusement réédité. Avec ses cartes, ses illustrations, l’ordre de bataille des troupes engagées, la liste des EAR (élèves aspirants de réserve) de la cavalerie et du train et celle des EAR de l’Ecole de Saint-Maixent, en tout 2 200 hommes, ce document permet de vivre, de suivre quasiment d’heure en heure le premier acte de résistance de l’armée au lendemain de l’armistice du 17 juin 1940. Le général Weygand, dès le 20 mai, avait donné l’ordre de mettre en défense les rivières et les fleuves, bref les ponts, pour empêcher l’ennemi de poursuivre sa progression au sud de la Loire. Le 19 mai commença sous les ordres du Colonel Michon, commandant de l’École de Cavalerie de Saumur. Avec ses phrases courtes, son style nerveux et soutenu, Patrick de Gmeline retrace les combats héroïques qui ont eu lieu sur un front allant de Candes Saint-Martin à l’est à Thoureil à l’ouest. Les honneurs militaires ont été rendus par les Allemands eux-mêmes aux « Kadetten ». Pages émouvantes, pleines de panache, mais qui comportent aussi la liste d’une cinquantaine de tués, qui s’ouvre, ainsi le veut l’ordre alphabétique, par le nom du compositeur Jehan Alain.
J. Dh.
8-sep-10


 

Les Lettres que je n’ai jamais écrites,  sorties de la mémoire d’un évadé de France interné en Espagne pendant la guerre de 1939 à 1945
Jean-Claude Montagné, 152 p., 12 €.
Chez l’auteur, 35 rue Salvador Allende – 92220 Bagneux.
L’auteur rappelle que pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 1941 et 1945, 33 000 Français ont traversé les Pyrénées pour rejoindre les Forces Françaises Combattantes, « pour l’honneur de servir ». L’internement en Espagne a été la phase la plus tragique et la plus pénible pour ces candidats à la reprise des combats aux côtés des forces alliées. Des jugements parfois péremptoires et  donc injustes à l’égard de ceux qui n’avaient pas cru devoir faire les mêmes choix.
J. Dh.
3-sep-10


Pirates et commandos. Les secrets des opérations spéciales
Patrick Forestier, Ed. du Rocher, 2010, 222 p., 18 €
Les journalistes sont des rapides, ils font commerce du sensationnel lequel n’a qu’un temps. Patrick Forestier, grand reporter à Paris-Match (on disait autrefois correspondant de guerre, mais la guerre existe-t-elle encore ?), n’a pas traîné : il nous livre une enquête passionnante sur la piraterie qui sévit au large de la Somalie, dans les eaux où transitent, bon an mal an, 15 000 navires. Face aux pirates, somaliens ou assimilés, Forces spéciales et Commandos sont à la manœuvre, dont on raconte les exploits et les difficultés. Avec la plaisance, beau succès sur le Ponant, demi-succès sur le Tanit pour cause de mort d’homme durant l’assaut. Avec les pétroliers, c’est le Sirius Star, 318 000 tonnes, et tout neuf, plus grosse prise des pirates, rendu contre rançon. L’auteur n’enquête pas que sur mer. Il débarque à grand risque, pour tenter de comprendre d'où ça vient et comment ça marche. L’entreprise est à double tranchant : aidez-nous, dit le Président du Portland, pour que nous puissions offrir à nos jeunes gens de plus pacifiques activités.
Général Claude Le Borgne (CR)
13-jul-10


L’Art de la défaite. 1940-1944
Laurence Bertrand Dorléac, Seuil , 2010, 490 p., 26 €
La vie artistique française sous l’Occupation, voilà le sujet de ce livre érudit, que son beau titre ne dévoile pas. En ces temps affreux, la vie continue et l’art ne meurt pas non plus. De 40 à 44, le monde des artistes se partagera classiquement entre ceux qui répondirent aux avances de l’occupant, ceux qui, tel Picasso, sont mis au ban, ceux qui s’exilent, ceux dont le talent se nourrit de leurs frustrations. Ce petit monde est à l’image du grand : on a peur, on fait le dos rond, on résiste, on espère. Fallait-il rééditer ce livre, paru en 1993 ? L’auteure s’en explique : déçue par la méconnaissance coupable de cette période tragique, intéressée par le progrès de la recherche moderne, elle pense que ce qu’elle a écrit conserve toute sa pertinence.
CLB
13-jul-10


Exode. De l’Espagne franquiste aux camps français (1939-1940)
Remei Oliva, L’Harmattan, 2010, 158 p., 15,50 €
Voici un témoignage tout simple, celui d’une femme perdue dans la petite foule d’Espagnols fuyant le franquisme et réfugiés dans le Sud de la France en 1939.
Accueil sommaire, c’est le moins qu’on puisse dire, notamment en ce camp improvisé de toutes pièces à Argelès… sur mer. Vu aujourd’hui, cela paraît impossible.  Certes ! dit l’auteure, mais quoi, on était jeune !
CLB
13-jul-10


Portraits
Ian Patrick, 2010, 118 p., 29,50 €
Le père de Ian Patrick a participé au débarquement allié de juin 1944 en Normandie. Le fils est un photographe de grand talent. Cela fait quelque vingt cinq ans qu’il revient régulièrement sur le lieu des combats, au milieu des vétérans américains, anglais, canadiens, français, allemands même. Ce sont eux qu’il met en scène, par l’image et le témoignage. Son œuvre a fait l’objet d’une exposition à l’Hôtel national des Invalides à l’occasion du 65ème anniversaire de cette terrible aventure. Ce superbe album est le catalogue de l’exposition.
CLB
13-jul-10


La France libre, la Résistance et la Déportation (Hérault, Zone Sud)
François Berriot, L’Harmattan,  2010, 350 p., 32,50 €
Documents pour l’histoire, mais encore pour l’édification des jeunes générations, ainsi pourrait se définir ce recueil de témoignages bruts, présenté par un universitaire. Centré sur la résistance de 1940 à 1944 (quelque 17 textes), le livre accueille aussi trois « Français libres » et quelques Espagnols ayant fui le franquisme. L’échantillon est géographiquement situé : l’Hérault. L’auteur, discret, se contente d’un avant-propos. Sa discrétion est méritoire. Elle s’explique pourtant : les textes reproduits se défendent tout seuls.
CLB
13-jul-10


L’Étoile et la croix
Roland Gaillon, L’Harmattan, 2010, 202 p., 19 €
Une jolie histoire ? Sans doute mais débutant en enfer. Les parents, juifs, du narrateur, confient leurs deux enfants à un « oncle » bien sous tous rapports. La mise à l’abri est opportune, puisque les parents sont aussitôt déportés et qu’on ne les reverra plus. L’enfant juif reçoit, précaution nécessaire, une éducation catholique. Imposée d’abord, la pratique engendrera la foi et, celle-ci approfondie, le militantisme chrétien du médecin que le conteur est devenu. Belle vie, bel hommage, beau livre !
CLB
13-jul-10


Barack Obama
Emmanuel Galiero, Ed. Alphée, 2009, 188 p., 14,95 €
Emmanuel Galiero est un grand reporter. Il est dans son rôle en présentant ici les principaux discours de Barack Obama, lequel s’est révélé maître en art oratoire. Retenons trois grands moments : Prague, 6 avril 2009,  c’est la perspective d’un monde débarrassé de l’arme nucléaire ; le Caire, 4 juin 2009, les musulmans sont clairement invités à se fondre dans un humanisme acceptable par tous ; tribune de l’ONU, 23 septembre 2009, voici le discours de l’espoir. Sans doute l’Obamania européenne et l’attribution prématurée du prix Nobel de la paix n’ont-elles pas servi le Président. Bah ! Lui-même est plein d’un optimisme… bien américain :  « Nous dompterons le soleil, le vent et le sol ». Bon courage, Monsieur le Président.
CLB
13-jul-10


Le 4ème front d’Adolf Hitler. 1933-1944
Richard Seller, Jérôme do Bentzinguer Editeur, 2009, 206 p., 25,50 €
Cinquième colonne, quatrième front ? L’assimilation sera vite faite, et l’auteur en convient en conclusion. Pourtant si le concept de la 5ème colonne est une création d’un général franquiste durant la guerre civile d’Espagne, le 4ème front, selon Hitler, est l’œuvre patiente, large et souterraine, devant faciliter la mainmise du régime nazi sur l’ensemble européen. L’action du 4ème front sera, bien sûr, psychologique, mais aussi politique et économique. Très active dans les pays satellites du Reich, en Europe du Centre et du Nord, elle l’est aussi en France. L’auteur a consacré 20 ans d’études universitaires à son sujet. Il sait de quoi il parle.
CLB
13-jul-10


Terrorisme. Gagner la 3ème guerre mondiale
Jean Bevalet, L’Esprit du livre, 2009, 336 p., 20 €

Jean Bevalet, spécialiste des « risques majeurs », traite ici de l’un d’eux : le terrorisme, que tous, désormais, considèrent en effet comme tel. De là à en faire le socle d’une « 3ème guerre mondiale », c’est un peu vite  dit et l’on considère qu’il s’agit là d’une annonce accrocheuse. L’auteur, modestement, se contente d’un inventaire, utile et complet : des lieux où le terrorisme prospère, de ceux où il sévit, des hommes et des groupes qui en sont les acteurs, des parades techniques que lui opposent les démocraties. M. Bevalet se refuse à entrer dans le débat politique et culturel où, pourtant, se situe le nœud du problème. Il se tient à son niveau. C’est une garantie de véracité.
CLB
13-jul-10


Forces noires des puissances coloniales européennes
Antoine Champeaux, Lavauzelle, 2009, 344 p., 27 €
Ce livre réunit les actes du colloque qui, à Metz en 2007, a marqué le 150ème anniversaire de la création, par Napoléon III, de la première unité de Tirailleurs sénégalais. Mais c’est ici non seulement de la force noire chère à Mangin que l’on parle, mais de toutes les troupes « indigènes » d’Allemagne, d’Angleterre, des Pays-Bas, de Belgique, d’Italie, du Portugal… et même d’Amérique où, l’on s’en doute, le statut des Noirs enrôlés a été fort changeant. On remarquera deux entrées originales : les prisonniers de guerre africains en Allemagne et les tirailleurs vus par les femmes africaines.
CLB
13-jul-10


Une guerre de trente-cinq ans. Indochine-Vietnam 1940-1975
Raymond Toinet, Lavauzelle, 1998, 544 p., 23 €
L’éditeur, pensera-t-on, ne manque pas de culot, présentant ce gros livre comme le premier à offrir une approche globale du conflit d’Indochine. Eh bien, il n’a pas tort car la fresque ici brossée va des origines lointaines au Vietnam actuel. Se dévoilent donc, sous les yeux du lecteur, la gestation de ce que nous appelions, non sans raison, l’Indochine, la colonisation française et son difficile établissement, la situation tragique de la colonie coupée dès 1940 de sa métropole, la guerre des Français face au Vietminh. Puis, nous partis, l’affrontement Nord-Sud, la guerre américaine, la réunification, enfin, de la péninsule. Cette revue est si complète qu’on ne saurait trop s’attrister : nous avons tenu notre rôle dans cette longue pièce ; ce ne fut que pour un acte, somme toute assez bref.
CLB
13-jul-10


La guerre après la guerre
Collectif, Nouveau monde Ed., 2010, 600 p., 49 €
Voici un beau livre, et un livre savant. Issu d’un colloque initial, l’Université de Versailles et l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines ont été ses accoucheurs, cependant que quatre historiens patentés dirigeaient la rédaction. L’essentiel est consacré aux deux Guerres mondiales en Europe et plus précisément, on s’en doute, à l’Allemagne et la France. Que reste-t-il, la paix faite, dans la mémoire des peuples ? Difficile question, dont la réponse au demeurant varie au fil des ans. Ainsi cherchera-t-on d’abord à évacuer le traumatisme, comme l’on dit aujourd’hui, puis à commémorer. Œuvre d’historien si les moyens modernes de fiction ne venaient l’enrichir, ou la polluer, par le film, la télévision, la BD même. Une réserve : il n’est pas sûr que les auteurs, consacrant  leurs derniers chapitres à la guerre d’Algérie et à la Bataille d’Alger, aient eu la main heureuse.
CLB

13-jul-10


Marc Sangnier. Le semeur d’espérances
Jean-Jacques Greteau, L’Harmattan, 2009, 344 p., 32,50 €
Voilà avec Marc Sangnier, un personnage à présent oublié ou méconnu dans ce nouveau XXIème siècle. Et pourtant il a développé la Démocratie chrétienne dans la foulée de précurseurs comme Lammenais et Montalembert. Ce fut un militant et homme de combat pour les idées d’Avant-garde avec la Jeune République et surtout Le Sillon qui a entraîné toute une jeunesse entre 1907 et 1939. C’est lui qui avec Léo Lagrange a créé les Auberges de Jeunesse. Son barde breton Henri Colas n’a fait que stimuler son action auprès des jeunes de l’époque. Le grand mérite de l’auteur Jean-Jacques Greteau a été de ressusciter ce personnage hors du commun que fut Marc Sangnier.
Michel Talon
13-jul-10


Montalembert. Dieu, l’amour et la liberté
Madeleine Lassère, L'Harmattan, 2009, 416 p., 34 €
Le  comte Charles de Montalembert, ami et collaborateur de Lamennais, a, dès le XIXème siècle, jeté les bases de la Démocratie Chrétienne qui a vu son plein développement au XXème siècle avec Marc Sangnier et Le Sillon.
Echappant à sa Mère surprotectrice et aux préjugés de la noblesse, globe – trotteur impénitent devenu cependant Pair de France, il s’est lancé à corps perdu dans un combat difficile pour réconcilier l’Eglise et la Foi avec le Peuple issu de la Révolution et la République. Ce fut, dans ces temps difficiles du XIXème siècle un militant qui a eu un courage constant pour abattre des préjugés et semer les bases de la Démocratie Chrétienne.
L’auteur, Madeleine Lassère, a bien développé tout le cheminement de ce personnage, souvent oublié, qui a été le fondement d’une évolution moderne qui se retrouve encore actuellement.
Michel Talon
13-jul-10


Mémoires d’un poilu breton
Ambroise Harel, Éd. Ouest France, 2009, 256 p., 15 €
C'est un témoignage humain sur une guerre que l’on connait historiquement, politiquement et, aussi, bien décrite sur le plan social par Léon Werth et Roland Dorgelès. Il manquait ce parcours d’un homme qui retrace évènement personnel et réaction à la vie quotidienne sans aucun recul : on se trouve devant une série d’images, de perceptions immédiates. On partage chaque moment comme si on le vivait, mais protégé. La dernière page lue, on se pose une série de questions aussi bien sur le plan personnel – comment a-t-il pu ?... Qu’est-ce qu’il a ressenti ? etc… – que sur le plan historique car on saisit fortement des errements militaires d’une guerre que l’on pensait mieux préparée ou, pour le moins, mieux adaptée aux techniques nouvelles de l’époque.
Cl Lafaye
13-jul-10


J'étais médecin dans les tranchées
Louis Maufrais, Robert Laffont, 2008, 336 p., 21 €
Août 1914, Louis Maufrais, étudiant en médecine, pense présenter l'internat quand la guerre éclate. Le jeune homme rejoint le front, découvre les tranchées. Il va y rester quatre ans.
Quatre ans pendant lesquels il côtoie la mort les pieds dans la boue et les mains dans le sang, jour et nuit enterré au fond de postes de secours secoués par le souffle des obus. Quand il a un moment de repos, il prend des notes, photographie, pour raconter la souffrance, celle de ses camarades, la sienne, mais aussi l'amitié, le burlesque, l'absurde...
"Voici un texte hallucinant. Œuvre d'un médecin, qui a fait toute la Grande Guerre dans les tranchées, il est à ce jour inédit, publié pour la première fois en ce 90ème anniversaire de l'Armistice.
"Maufrais a été partout : d'abord en Argonne et en Champagne en 1915, à Verdun et sur la Somme en 1916, à nouveau à Verdun en 1914, enfin chirurgien dans une ambulance d'avril 1918 à janvier 1919. Non seulement il a été sur tous les fronts de la guerre, en France, mais au feu quatre années sur quatre. En cela, son témoignage est unique. Il l'est aussi en ce que son activité de médecin auxiliaire l'amenait à prendre des notes pour le suivi de ses blessés.
"Ce sont ses carnets et ses photographies, sauvegardées, qui lui ont permis, soixante ans plus tard, de dicter des fragments d'une précision inégalée : des informations et souvenirs intacts, comme congelés."
13-jul-10


Lucie Aubrac
Laurent Douzou, Perrin, 2009, 378 p., 21 €
L'auteur a effectué des rcherches méticuleuses sur la vie de Lucie Aubrac (née Bernard), dans les trois parties essentielles de sa vie, en premier lieu sa jeunesse avant la guerre, puis ses engagements dans la Résistance de 1940 à 1944, enfin dans sa stature de personnalité de premier plan après la guerre.
On y voit apparaître une femme au caractère trempé et parfois imprévisible, combative, qui s'est construite toute seule pour devenir professeur agrégée d'histoire, puis l'héroïne de la Résistance au sein de Libération sud, où elle va faire évader deux fois son mari, Raymond Samuel, devenu Aubrac. Elle fut ensuite la première femme à siéger à l'Assemblée Législative après la guerre. Personnage attachant, parfois déroutant, mais détachée de tout appétit d'argent ou de pouvoir, se donnant sans réserve à la mémoire, à l'heure de sa vieillesse, en particulier au cours d'entretiens avec les enfants et adolescents des lycées et collèges. Personnellement, je l'ai cotoyée à ce titre et ai apprécié son ouverture et sa franchise.
Michel Talon
13-jul-10


Le mystère de Gaulle
Benjamin Stora, Robert Laffont, 2009, 266 p., 20 €
L'auteur n'apporte aucune révélation importante et ne donne pas de réponse définitive au "Mystère de Gaulle" qu'annonce le titre de son ouvrage.
L'auteur, certes historien, mais pas ancien combattant d'Algérie, n'arrive pas à nous convaincre qu'il ait existé un mystère, la seule ambiguïté connue par tous restant le fameux "Je vous ai compris" lancé au peuple algérien et français que ces derniers se sont approprié.
A lire quand on n'a rien d'autre à faire, sinon vouloir entretenir une polémique telle que la gauche sait le faire.
Pour conclure, il n'y a aucun doute que la déclaration du Général de Gaulle "Je vous ai compris" reste et restera incompris de l'auteur comme le prouve son écrit, alors que l'ensemble des hommes qui ont participé à cette page d'histoire ont su décrypter ce message et en tirer les conclusions.
Gérard Brett.
13-jul-10


Résistante. Mémoires d'une femme, de la résistance à la déportation
Gisèle Guillemot, Samuel Humez, Éd. Michel Lafon, 2009, 210 p., 17,90 €
Gisèle est active et déterminée; elle participe à des réunions politiques et veut changer le monde à 17 ans.
Vient l'été 1936 et la liesse des premières vacances. Mais quand en 1940 les Allemands envahissent la Normandie, les têtes baissent.
L'auteur subjuguée par l'appel du général de Gaulle s'engage dans le combat de l'ombre au risque de sa vie.
Traquée, condamnée, déportée, emprisonnée de camp en camp en Allemagne, elle n'abandonne pas.
Elle raconte le quotidien des prisonnières jusqu'à sa libération.
Un témoignage émouvant et précieux.
R. A.
13-jul-10


Les  Maréchaux de la Grande Guerre
Jacques Jourquin, Éd. Belin
L'histoire personnelle des huit maréchaux français qui commandaient en chef sur les divers théâtres d'opérations pendant la Grande Guerre est relatée ici de façon particulièrement précise. L'auteur met en lumière tous les détails de leur vie depuis leurs origines familiales jusqu'à leurs funérailles, en passant par leurs vocations, leurs études, leurs mariages et leurs décorations.
La présentation croisée des destins des huit maréchaux éclaire d'un jour original l'histoire de la guerre 1914 1918 dans laquelle ils ont joué un rôle majeur. Les archives historiques et les mémoires individuels, sur lesquels Jacques Jourquin a fondé sa forte documentation, lui permettent de nous livrer une étude très fouillée. Elle porte d'abord sur l'action personnelle des maréchaux dans les diverses phases du conflit. Elle concerne aussi leurs relations les uns avec les autres et surtout avec le pouvoir civil auquel ils sont subordonnés, mais dont ils supportent souvent mal les intrusions dans la conduite des opérations militaires. On connaîtra mieux en lisant ce livre solide les hommes véritables que furent Joffre, Foch, Pétain, Gallieni, Fayolle, Franchet d’Esperey, Lyautey et Maunoury.
Philippe Mestre
13-jul-10


Algérie, terre de souffrances. Témoignages de 1870 à 1962
Bernard Top, Thélès, 2009, 248 p., 21 €
La première qualité de ce livre est sa véracité : il est fait, pour l’essentiel, de témoignages d’acteurs, petits ou grands, du drame algérien. La seconde est la juste mesure dans les jugements portés sur une double tragédie, française et algérienne. Certes, le constat est attristant : la misère qui, avant 1954, fait le lit de la révolte à venir ; les erreurs – ou la passivité – des politiques face, il est vrai, à une situation proprement inextricable ; l’intégrisme islamique qui, après guerre, ravage l’Algérie indépendante; les plaies enfin, toujours ouvertes sur l’une et l’autre rive de la Méditerranée. L’auteur, pourtant, se veut porteur d’espoir : les copains, à qui il donne la parole, n’ont pas souffert pour rien.
CLB
2-jul-10


 

La guerre d'Algérie. "Une exigence de vérité"
Collectif, UNC, 2010, 126 p., 10 € + frais de port
L'Union nationale des combattants a eu l'heureuse idée de prolonger l'exposition qu'elle a consacrée à la guerre d'Algérie par cette jolie plaquette. Voici, racontée et illustrée, l'histoire récente de ce beau pays, pays martyrisé : de l'Algérie de 1830 à celle d'aujourd'hui et, entre les deux, la guerre. L'affreux début de l'automne 1954, le développement d'une rebellion curieusement inattendue, la riposte de l'armée française, ses succès de 1958-1959, succès rendus vains par la démarche politique
aboutissant aux accords d'Évian, le tort de nos négociateurs ayant été d'ajouter foi aux promesses du FLN, le tableau est sombre, les cicatrices toujours ouvertes. L'UNC a pris le parti de la sérénité, qui n'est pas le plus facile, et s'y tient fort bien. Le livre se termine sur un rappel de l'héritage laissé là-bas par la France, rappel fort opportun par le temps qui court. L'avenir est-il plus clair ? Pas vraiment : la main, sans cesse tendue par nos gouvernements, ne rencontre que le vide.
Général Claude Le Borgne (cr)
1-jul-10


Jan Karski, le « roman » et l’histoire,
Jean-Louis Panné, Pascal Galodé éditeurs, 2010, 186 p., 18 €
Nos lecteurs ont eu connaissance de « l’affaire Karski » par notre gazette n° 119 de mai dernier. Nous y avons en effet analysé deux romans mettant en scène ce résistant polonais qui, son pays sous occupation allemande, voulait informer les alliés du sort que les nazis y faisaient aux juifs : Les sentinelles de Bruno Tessarech et Jan Karski de Yannick Haenel. Nous avions loué le premier, jugé honteux le second. Voici une nouvelle  pièce au dossier. Jean-Louis Panné, qui a participé à la réédition des souvenirs de Karski en 2004, accuse à son tour Yannick Haenel de malhonnêteté. La rencontre au cours de laquelle, le 28 juillet 1943, Karski expliqua à Roosevelt la situation de la Pologne martyrisée est ici relatée par un témoin de l’entretien. À vous de juger, sachant que les sentiments opposés qu’éprouvent à l’égard du parti communiste les protagonistes du débat expliquent la vigueur de la polémique.
Général Claude Le Borgne (cr)
1-jul-10


Mélancolie française
Eric Zemmour, Fayard Denoël, 2010, 251 pages, 17 €
L’histoire est un cadavre. Les historiens sont des croque-morts, qui la présentent comme ils l’entendent. L’histoire n’en peut mais, perinde ac cadaver. Eric Zemmour est un croque-mort talentueux, son livre est un feu d’artifice. Ça pétille, ça explose, ça éblouit. Si thèse il y a, elle est dans les deux premiers chapitres, Rome et Carthage. Rome, c’est la France, qui a vocation à prolonger la vraie et parfois s’y efforce, parfois y renonce, raison, aujourd’hui, de sa mélancolie. Carthage c’est l’Angleterre, à ceci près que, pour elle, c’est Rome qui doit être détruite, au moins contenue, ce à quoi elle s’emploie avec constance. Chacun des chapitres suivants évoque un personnage de notre histoire moderne : l’Empereur (Napoléon), le Chancelier (Bismarck), le Maréchal (Pétain), le Général (de Gaulle), le Commissaire (européen)… et le Belge. Le croque-mort Zemmour est aussi un battant. Il adore nous bousculer et nous force à revoir nombre d’idées que nous avons reçues. Notre XVIII° siècle illumina l’Europe, il fut un désastre « géostratégique ». Louis XVI a été, de nos derniers rois, le plus intelligent. « L’ogre » Napoléon ? c’est l’Angleterre qui l’a contraint à être tel. La victoire de la Marne en 1914 (tenez-vous bien !) fut une catastrophe : la bataille perdue, deux millions de vies françaises eussent été épargnées et le monde eût fait l’économie du stalinisme et du fascisme. Pétain était un attentiste lucide : en 1917 comme en 40, il attendait les Américains. La gauche pacifiste ne pouvait être que vichyste, ce qu’elle fut. L’avant-dernier chapitre, consacré, fort opportunément, à la Belgique, est de cette veine : un régal, avec, cerise sur le gâteau, un succulent texte de Baudelaire. « La chute de Rome », qui conclut l’ouvrage, justifie à lui seul le titre. L’auteur y parle de l’identité française, donc de l’immigration, avec une franchise qui lui fera beaucoup d’ennemis. Mélancolie bien justifiée : romaine ou pas, il n’y a plus de France.
Général Claude Le Borgne (cr)
30-jui-10


Auteur ? Pourquoi pas moi…
Joseph Muller, Muller Edition, 2009, 111p., 30 €
On ne pouvait trouver meilleur guide que Joseph Muller pour présenter un métier qu’il pratique. Un métier ? Non, plusieurs : auteur, correcteur, fabricateur, éditeur, distributeur, libraire, ce petit manuel balaye, en vitesse, toutes ces spécialités. Ainsi connaitrez-vous les techniques diverses qui concourent à la naissance de l’objet livre. Certes, tout cela n’est que de la technique. Il est possible, ayant lu Muller, de présenter un impeccable « bon à clicher ». Reste, bien sûr, l’essentiel : le talent. Mais ceci est une autre histoire.
CLB
25-jui-10


Le lit bleu
Sue Carrell, Tallandier, 2009, 366 p., 22 €
1777 : le chevalier de Boufflers rencontre Madame de Sabran, jeune veuve qui ne connaît - et ne veut - qu’amour courtois. S’en suivent quatre années de bavardage épistolaire, charmant et platonique. Au bout de quoi la conclusion eut lieu dans le grand lit bleu qui fait le titre de cet ouvrage et dont on peut penser qu’elle fut heureuse. Au reste, la correspondance continuera, car le chevalier est marin, donc nomade, et le mariage ne sera célébré qu’en 1797.
C’est cette correspondance à deux voix qui nous est restituée, présentée et commentée par Sue Carrell. En effet les éditions qui en ont été faites en 1875 et 1891 laissèrent à désirer. Madame Carrell a eu accès aux archives de la famille de Sabran. Elle a beaucoup travaillé et expose avec talent le résultat des travaux. Il en faut car le style de l’époque ne supporterait pas une présentation négligée. Voyez ceci, écrit en 1898 à Landerneau, que l’on n’imagine plus aujourd’hui en port de guerre : « Mourir n’est rien, se battre est assez joli, mais s’ennuyer est affreux ». Lisez, vous ne vous ennuierez pas.
CLB
25-jui-10


Daum. Du verre et de hommes. 1875-1986
Patrick-Charles Renaud, Éd. Place de Stanislas, 2009, 190 p., 35 €
Patrick-Charles Renaud nous a gratifié, d’une importante production d’ouvrages d’histoire militaire contemporaine. Il change ici de registre, en revenant chez lui, puisqu’il est lorrain de Nancy. C’est la saga de la maison Daum qu’il nous raconte, verrerie-cristallerie célèbre. Un chapitre retiendra particulièrement notre attention : le sort de l’entreprise durant la Première Guerre mondiale, les fours tristement éteints, puis rallumés petitement et la production reprise, avec les difficultés que l’on imagine pour respecter la règle de la maison : « la signature ou la casse ». L’art dont il s’agit se prête à la représentation photographique. Les amateurs se régaleront.
Général Claude Le Borgne (cr)
25-jui-10


La glorieuse épopée du 1er bataillon de choc. 1943-1963
Raymond Muelle, L’Esprit du Livre, 2009 , 144 p., 15 €
Une histoire ? Non, des histoires, qui sont autant  de « facéties » et qui complètent le premier et sérieux ouvrage paru sous le même titre en 2007. Les paras-commandos des 1er et 11ème Choc ne s’ennuient jamais. Le lecteur non plus. Raymond Muelle parle, pour l’essentiel, de ce qu’il a lui-même vécu, soit au Bataillon, soit au service action du SDECE. Authenticité assurée.
CLB
25-jui-10


Service Militaire. Histoire et souvenirs
Jean-Claude Demory, E-T-A-I, 2009, 144 p., 42 €
Voici un bel ouvrage ou, si l’on veut, «  de la belle ouvrage » : joli, bien composé, illustré, nourri de témoignages. Il vient en son temps puisque, débutant avec la milice royale, il se termine avec la suppression de la conscription. On verra défiler, défilé grandiose, la Révolution et l’Empire, l’établissement du service universel (ou presque), les énormes mobilisations de la Première Guerre mondiale, la IVème République et la guerre d’Algérie, le service en Allemagne. 1996 : fin de l’histoire. On sent ici l’amertume de l’auteur. Il n’est pas le seul à regretter le bon vieux temps des conscrits.
CLB

17-jui-10


 

Les troupes de marine dans l’armée de terre. Un siècle d’histoire 1900-2000
Collectif, Lavauzelle, 2001, 444 p., 27 €
Pour un peu ce livre, qui regroupe les actes  d’un colloque tenu à l’occasion du centenaire des Troupes coloniales, serait lui-même un document historique : il est paru en 2001 ! Histoire donc, ce qui fait qu’il reste d’actualité, rajeuni même, cette année, pour le cinquantenaire des indépendances de nos colonies africaines. Ce cinquantenaire est l’occasion d’entendre, dans de méchantes bouches, bien des bêtises sur le thème obsessionnel : le colonialisme, crime contre l’humanité ! Voici donc la réalité, la Coloniale dans ses œuvres admirables : création et organisation, engagements sur les théâtres métropolitains (superbes tirailleurs sénégalais dans la campagne de France en 1940), traditions riches et sans cesse maintenues, perspectives enfin, tracées avec beaucoup de délicatesse par le regretté Pierre Dabezies. Pourquoi, en effet, encore et toujours, une « Coloniale » ? Parce que les meilleurs continuent à y venir, sans autre justification que ce mélange inimitable d’excellence et de copinage. Allez, au nom de Dieu, Vive la Coloniale !
Général Claude Le Borgne (CR)
16-Jui-2010


Chronologie des îles britanniques
Xavier Deboffles, Ed. TSH, 2009
Xavier Deboffles ne se hausse pas du col, il cite ses sources, dictionnaires, guides, atlas. De ces sources banales, il fait ce qu’il appelle des chronologies, ce qu’elles sont en effet. Mais en résultent de superbes livres-objets qui se déploient en synoptiques illustrés. C’est ici la chronologie des îles britanniques qu’il nous présente. De la préhistoire à l’an 2000, il y a de quoi lire… et regarder.
CLB
16-Jui-2010


Jazz et société sous l'Occupation
Gérard Régnier, L'Harmattan, 2009, 296 p., 28 €
La mémoire des années quarante retient surtout les mâles chansons de la Wehrmacht ou « Lily Marlène ». Et pourtant la grande musique populaire de l’époque, ce sera le jazz. Le nazisme interdit cette musique dégénérée... et pourtant il doit le tolérer car le soldat allemand aime le jazz. La thèse de M. Régnier étudie avec précision et apporte une vision inattendue sur cette musique qui non seulement résiste à l’emprise idéologique mais se répand et s’enrichit au fil des années. Si on peut parler de jazz européen, c’est, en France notamment, sous l’Occupation qu’il naît. Comme quoi l’idéologie ne peut jamais aller contre les pulsions de liberté. Le jazz a été un coin de ciel bleu dans l’horreur de la guerre.
H.T.
11-Jui-2010


 

La guerre d’indépendance des Algériens. 1954-1962
Raphaëlle Branche, Tempus, 2009, 356 p., 10,50 €
Contrairement à ce qu’annonce l’éditeur en quatrième de couverture, les textes qui constituent ce livre à multiples voix ne sont pas inédits. Mais l’ensemble, présenté par Raphaëlle Branche, réunit des signatures de spécialistes, comme les professeurs Ageron, aujourd’hui disparu, Pervillé ou Stora. Le patronage de Mme Branche fera froncer les sourcils à nombre d’anciens de la guerre d’Algérie. Ainsi relèvera-t-on, dans son introduction, que, dans le décompte des morts de cette guerre, les harkis massacrés après le cessez-le-feu ne figurent pas. Triste !
CLB
11-Jui-2010


Je n’avais que 20 ans,
Louis Pesson, Jérôme Do Bentzinger Éd., 2010, 142 p., 16 €
Naturellement, ce texte est important au niveau du document historique. Mais il présente un intérêt supplémentaire d’une même importance : écrit par un garçon qui n’a que peu dépassé l’âge de vingt ans, sans doute pour servir d’aide mémoire à la future composition d’un livre – ce qu’il n’aura pas le temps de faire – il témoigne à l’état brut de son arrestation et de son séjour dans deux camps de concentration allemands, Struthof et Dachau, de sa libération et de son retour. Ainsi apparaît en toute simplicité ce qui l’a touché, surpris  dans le comportement de tous ceux que l’on peut désigner par le mot « ennemi ». Il donne une image très nette de la différence des mondes obligeant ainsi le lecteur à s’interroger sur une époque qu’il pensait connaître par l’Histoire.
Claude Lafaye
11-Jui-2010


Le livre d’or PM Para
Thierry d’Athis, Éd. Lbm, 2009, 224 p., 45 €
Près de 450.000 jeunes ont reçu le brevet de parachutiste après préparation militaire. Il était juste qu’on leur rende hommage, à eux-mêmes comme à leurs instructeurs. Voilà qui est fait et bien fait, à travers de multiples témoignages, des détails techniques, de superbes photos. Un très bel album.
CLB
11-Jui-2010


Sous la grêle des démentis. Récits d’Algérie (1948-1959)
Roby Bois, L’Harmattan, 2009, 292 p., 25 €
Encore des récits de la guerre d’Algérie? Sans doute, mais ceux-ci valaient d’être écrits, ils valent d’être lus, compte tenu de la personnalité de l’auteur. Compte tenu, disais-je : Roby Bois est pasteur, et tint mission dans les Armées avant et au début de la rébellion. Il fut Secrétaire général de la CIMADE de 1973 à 1984. Vous voilà prévenu. Son témoignage est celui d’un homme de grande culture. Chemin faisant, on fera avec lui d’intéressantes rencontres : ainsi Germaine Tillion, Jacques Soustelle, Vincent Monteil et… Mgr Claverie. Il va de soi qu’on n’attendait pas de l’auteur beaucoup d’indulgence à l’égard de notre armée engagée dans cette impossible aventure.
CLB
11-Jui-2010


L’Alsace pendant la guerre. 1914-1918
Charles Spindler, Éd. Place de Stanislas, 2008, 848 p., 25 €
Pour rependre une expression galvaudée, ce livre est « dérangeant ». Que l’on soit français ou allemand, on sera « dérangé » par ce journal d’un Alsacien, écrit de 1914 à 1918. On se doute que le dérangement, réel aujourd’hui encore, fut immense à l’époque : le journal n’était pas « politiquement correct », façon de dire qu’il était véridique. Allemande l’Alsace, bien sûr, dans une large mesure et plus large encore après 45 ans d’occupation durant lesquelles la province disputée fut, somme toute, heureuse. Dans cette sérénité relative, la guerre ne fut pas bienvenue. Mais elle entérina peu à peu, par ses horreurs, allemandes pour partie, un retournement des mentalités. Jusqu’à aboutir à l’euphorie de 1918. Aujourd’hui le juste sentiment sera de considérer l’Alsace comme lieu, longtemps douloureux, où s’est élaborée l’amitié franco-allemande.
Général Claude Le Borgne (CR)
11-Jui-2010


Les oies sauvages. Une famille française en Tunisie (1885-1964)
Geneviève-Chantal Goussaud-Falgas, L’Harmattan, 2009, 290 p., 26 €
Madame Goussaud-Falgas nous offre l’Histoire de sa famille. Quelle Histoire ! Etablie dès 1885 dans ce qu’on appela « village de colonisation », pionniers et fermiers à la fois, la famille doit quitter les lieux en 1958, peu après l’indépendance tunisienne. L’auteur y revient en 2004, à la recherche de ses souvenirs. Charme nostalgique assuré.
CLB
11-Jui-2010


Le rapt
Anouar Benmalek, Fayard, 2009, 514 p., 23 €
Une première page ordurière, voilà, pour un auteur, un pari risqué ! En ce qui nous concerne, pari perdu : le chroniqueur s’en tiendra là, sachant pourtant que ce fils de roi (Benmalek) est un romancier inconnu.
CLB
11-Jui-2010


Capitaine Bonelli. L’arbre à papillons
Bénédicte Helcégé, L’esprit du Livre, 2009, 314 p., 22 €
Biographie d’un soldat, et d’un soldat de son temps, ainsi peut se définir, brièvement, ce livre. La carrière de Dominique Bonelli commence en Indochine, au 8ème Choc. Fin du premier acte à Dien-Bien-Phu et dans les camps du Viet-Minh. Le deuxième acte est en Algérie, avec les légionnaires du 1er REP. Çà va barder ! Pas seulement en vrai combat, lot habituel de la Légion, mais aussi, mais surtout, dans la rébellion, celle-ci franco-française : le putsch d’avril 1961. Méchante aventure, malencontreusement initiée, il faut le dire, par nos Etrangers. Finie la guerre notre héros, et ce n’est pas le moindre de ses mérites, mènera une belle carrière civile. Si la justification du putsch est peu développée par la biographe, le préfacier n’y va pas par quatre chemins: les qualités premières d’un officier ? Orgueil et indiscipline. Et toc !
CLB
11-Jui-2010


Les années du cauchemar. 1934-1945
William L. Shirer, Texto, 2009, 450 p., 10 €
Les Editions Tallandier rééditent, en « Texto », l’ouvrage de W. L. Shirer, paru en Angleterre en 1984 et chez Plon en 1985. C’est une bonne idée. Shirer est un témoin, précieux par sa lucidité, de la montée du nazisme et de la première année de guerre en Allemagne (contrairement à ce qu’annonce la couverture, le témoignage s’arrête, pour l’essentiel, en 1940). Ainsi est proposée une réponse à la grande question que les Allemands eux-mêmes se posent dans le secret de leur cœur : comment un personnage aussi fruste que cet Adolf Hitler a-t-il pu fasciner le peuple le plus cultivé de notre Europe ? Par les yeux et le verbe, répond l’auteur. Le verbe, on savait, les yeux, moins.
Que la réponse reste courte, il faut peut-être s’en réjouir : les portes de l’enfer doivent rester dans l’ombre.
CLB
11-Jui-2010


 

Insignes distinctifs (Tome VIII)
Jean-Pierre Guarry, 2009, 54 p.
L'érudit des insignes, ainsi pourrait-on nommer Jean-Pierre Guarry, qui publie ici le huitième tome de son catalogue, lequel couvre soixante années de notre histoire militaire, de la Première Guerre mondiale aux années 70. Les collectionneurs seront aux anges.
CLB
26-Mai-2010


Des hommes
Laurent Mauvignier, Les Éd. de Minuit, 2009
Il est sans doute trop tôt pour dire comme certains que ce livre est un grand roman. Une chose est néanmoins sûre : Laurent Mauvignier, auteur déjà confirmé par deux bons livres, Apprendre à finir et Ceux d’à côté, excelle dans les drames intimes, la psyché d’individus traumatisés par l’enfermement dans un univers tragique. Autre certitude : peu de romans ont été écrits sur les évènements de 1954 à 1962. L’auteur – marqué dans l’adolescence par le suicide de son père, qui avait fait la guerre d’Algérie mais n’en parlait jamais – construit son roman en deux parties. La première : une réunion joviale d’une bande de villageois qui tourne à la tragédie du fait de l’agression d’une famille algérienne par l’un d’entre eux. La deuxième partie consiste en une rétrospective quarante ans plus tôt, une brusque plongée dans la guerre d’Algérie et dans le monologue étouffant d’êtres qui ne se sont jamais remis de cette « sale guerre », d’hommes qui ont tué, violé, torturé, refusé de le faire ou assisté de force à l’horreur, qui n’en sont pas sortis indemnes, mais qui n’en restent pas moins des hommes. Par endroit des scènes insoutenables décrites en termes froids, neutres. D’où le titre du livre, qui est une sorte de reportage sur ce « club Bled » où ils accomplirent leurs « vingt-huit mois ». La morale du  livre, que des critiques littéraires ont réintitulé Voyage au bout de l’enfer, est pessimiste : « La guerre, c’est toujours des salauds qui la font à des types bien ; là il n’y en avait pas, c’était des hommes, c’est tout ». Bien entendu, nous ne partageons pas cette opinion.
Alfred Gilder

 

Les Cahiers de la Défense nationale
Général Claude Le Borgne
Les Cahiers de la Défense nationale éditent cinquante-trois articles du général Claude Le Borgne publiés entre 1971 et 2008, soit sous forme de libres opinions, soit comme critiques d'ouvrages. Il est impossible d'analyser en quelques lignes un abondant  recueil qui traite de sujets aussi divers que l'armée de métier, l'Islam, la maîtrise de la violence, la mort de Dieu, le désordre stratégique, l'urbanisme et la défense de l'Europe, ou les limites de la guerre limitée. Mais on tire de la lecture attentive de l'ensemble des articles, en les abordant dans l'ordre chronologique de leur parution, un certain nombre d'enseignements. On comprendra d'abord que dans le domaine si complexe de la stratégie il n'y a pas de vérité révélée, encore moins de certitudes absolues, car les réalités viennent souvent bousculer les théories apparemment les plus solides. On notera ensuite l'imbrication indissoluble des données morales, sociales et politiques dans tout ce qui concerne la défense. Enfin on constatera que le général Claude Le Borgne, dans son style imagé, incisif et parfois iconoclaste, démontre que les sujets les plus sérieux peuvent être traités avec une nuance d'humour dont on trouvera la trace dans tout ce très intéressant recueil.
Philippe Mestre

 

Ma traversée du siècle
Roland Dissler, Éd. Jérôme Do Bentzinger, 336 p., 23 €
Dans « Ma traversée du siècle » Roland Dissler relate les révélations de son frère, officier des Services Spéciaux à Alger en 1942. Sous un nom d’emprunt, sa mission consistait à surprendre ce qui se passait au consulat d’Allemagne et dans les Commissions d’Armistice.  Il faut savoir qu’un ingénieur général avait réussi à placer des écouteurs sur les téléphones de nos ennemis, non pas seulement pour enregistrer les communications, mais aussi capter les propos tenus dans la pièce. Qui est cet ingénieur ? C’est un secret bien gardé, son frère ne le saura jamais. Réponse, soixante quatre ans plus tard, grâce à la Gazette des Ecrivains Combattants sous le commentaire « Allo Algérie ? Ici la Résistance » ouvrage publié par Claude Plocieniak, fille de cet ingénieur.
Celui-ci, Plione La Maida, polytechnicien, ingénieur des PTT et grand résistant, se trouve à l’origine d’un succès militaire de la plus haute importance : envoi par le fond de navires ravitaillant l’armée Rommel en Libye, pour ne citer qu’un seul exemple.
Grâce à l'A.E.C. Roland Dissler a pu rencontrer Claude Plocieniak. Ils ont échangé leurs livres. Leurs récits se confortent et se complètent, vus d’angles différents.
R.D.

Enfants maudits
Jean-Paul Picaper et Ludwig Norz, Éd. des Syrtes, 384 p., 2004, 23 €
« Ils sont 200.000. On les appelait les « enfants de Boches », ce sous-titre ne figure pas sur la couverture de l’ouvrage, mais il traduit bien la teneur du sujet auquel Jean-Paul Picaper, qui fut correspondant du Figaro à Bonn puis à Berlin, et Ludwig Norz, né de à Bucarest de père allemand et de mère roumaine, se sont attaqués. Avec une franchise qui n’exclut pas du tout la délicatesse, les auteurs nous décrivent les destinées difficiles de ces enfants nés de rencontres, de coups de foudre, de circonstances étranges... nés d’ennemis, nés d’occupants, dans un moment d’égarement, de chagrin, de cafard où la faiblesse et la surprise avaient beaucoup plus à voir que le vice ou la séduction préméditée. Ces enfants « accidentels » et parfaitement innocents, mais souvent responsables de la honte d’une famille, porteront toute leur vie le poids de la faute d’une mère aimée. Certains retrouveront leur père. Tous ne seront pas mis au ban de la société au nom du patriotisme ou de l’inconduite, Ils seront parfois accueillis dans leur famille allemande, mais leur enfance aura souvent été très difficile... Qu’on pense en particulier à cette petite fille confiée à son grand-père patriote « qui a fait la guerre de 14-18 » et qui est capable de la persécuter avec une cruauté psychologique évidente... Ce livre est souvent bouleversant. L’histoire de ces enfants « à part » est traitée avec beaucoup de tact et d’émotion. Nés de liaisons brèves, longues, ou soudain abrégées, ces personnages ont voulu parler, témoigner. Ils évoquent des blessures indélébiles et mal cicatrisées, et rappellent que la période qui les a vu naître fut tragique pour tous à quelque camp qu’ils appartiennent.
J. Dh.

Les chasseurs noirs. La brigade Dirlewanger
Christian Ingrao, Tempus, 2009, 284 p., 8,50 €
Des « chasseurs » au passé noir sont incorporés dans la hiérarchie SS, au début de la Seconde Guerre mondiale, dans une Brigade spéciale que commande un chef qui leur ressemble. Mission, plus ou moins élargie par les exécutants : chasse à l’homme en Ukraine et en Biélorussie, l’homme étant partisan, ou juif. L’horreur ! On s’en doute. Fallait-il ouvrir – à nouveau puisqu’il s’agit d’une réédition – le musée de cruauté ? L’auteur le reconnaît, l’histoire de la Brigade Dirlewanger « nous entraîne en un bien inquiétant territoire ».
CLB

Dans l’honneur et par la victoire. Les femmes Compagnon de la Libération
Guy Krivospissko, Christine Levisse-Trouzé, Vladimir Trouplin, Tallandier, 2008, 96 p., 20 €
Le 8 mars 2005 se tenait à l’Hôtel de Ville de Paris un colloque consacré aux femmes Compagnon de la Libération, sous la présidence du général de Boissieu. Ce livre en rend compte. Six femmes ont reçu cette distinction, la plus haute estime-t-on généralement, attribuée en France au titre de la Seconde Guerre mondiale. Six femmes sur un millier de compagnons. Peu, beaucoup ? On se gardera d’entrer dans une polémique devenue routinière et qui serait ici indécente. Le destin de ces héroïnes parle de soi et rappelle que le courage n’est pas réservé aux mâles. On le savait bien et de longue date. Trois de ces femmes, toutes volontaires pour le combat, ont été déportées et l’une d’entre elles pendue dans son camp. Une autre s’est suicidée à Fresnes où elle avait été jetée après une évasion. Voilà ! Silence !
CLB

Prunes amères
Yves Horeau
, L’Harmattan, 2008, 300 p., 27 €
Le titre demande explication. « Se battre pour des prunes » date de la deuxième croisade et de croisés fourvoyés dans les vergers de prunes. Ici l’expression s’applique aux Français engagés dans la guerre d’Algérie. Les deux héros que l’auteur met en scène, idéalistes l’un et l’autre, commencent à l’opposé : l’un est « Algérie Française », l’autre sympathisant du FLN,  Front de Libération National. Ils seront tous deux déçus, et tragiquement. Triste ? Bien sûr ! Les prunes amères sont algériennes.
Claude Le Borgne

 

La Serbie du martyre à la victoire. 1914-1918
Frédéric Le Moal,
14-18 Ed., 2008, 254 p., 25 €
L’importance de cet ouvrage est dans la découverte d’une histoire fort peu connue – on peut aller jusqu’à dire : inconnue – de la majorité des gens même s’ils s’intéressent aux évènements du monde. Remarquablement bien documenté l’auteur nous fait découvrir non seulement un pays mais  aussi le comment et le pourquoi de ce qui, pendant la guerre de 14-18 joua un rôle extrêmement important dans le comportement des armées germano-autrichiennes. Et c’est pour cette raison que l’on peut pour tous ceux qui l’étudient ou s’y intéressent mieux comprendre l’évolution de cette partie de l’Europe qui deviendra, avant de se déstructurer à nouveau, la République Fédérale de Yougoslavie créée par Tito.
Claude Lafaye

Le choc de 1914
Eric Kocher-Marbeuf et Raymond Azaïs, Geste éditions, 2008
Excellente idée d'avoir agencé en parallèle les cahiers de souvenirs de deux soldats français de 1914 rédigés sur la période août-septembre. L'un est brigadier de gendarmerie, l'autre caporal dans l'infanterie.
On passe alternativement dans des secteurs différents du front, mais les réactions sont les mêmes : la cinquième colonne ne date pas de 1940 ! Que de bobards, que d'exagérations dans l'estimation des succès et des pertes, dans les effets des bombardements...
Mais à travers ces témoignages, on sent le vécu au jour le jour, et les petites choses qui peuvent aider à supporter des moments difficiles. Très bonne présentation des deux combattants par les éditeurs de ces mémoires vivants.
MR

Napoléon. Le faux pas espagnol
Jean-Claude Lorblanchès. L’Harmattan, 2009, 170 p. 16 €
La conquête de trop ! L’affaire espagnole ne devait  être qu’une promenade militaire dans un pays qui depuis 1792 ne s’oppose pas à la France. Mais un gouvernement n’est pas toujours l’expression des sentiments populaires. Devant l’armée impériale va se dresser le patriotisme de la guérilla. Napoléon peut essayer de régler le problème, mais les querelles dynastiques lassent un peuple accroché à sa terre. L’Espagne est une épine dans le flanc de l’Empire et finalement l’affaiblit. Au prix d’une  déstabilisation de ce qui fut le premier État d’Europe. Paradoxe, c’est la monarchie française retrouvée qui ira imposer le libéralisme à la monarchie absolue espagnole. Ce livre illustre bien que tout régime trouve ses limites.
H.T.

Verdun 1916
Malcolm Brown, Ed. Perrin – Tempus, 2009, 264 p., 8,50 €
Comme il est d’usage dans leur collection Tempus, les éditions Perrin rééditent cet ouvrage, paru en 2006 en langue française et en 1999 en Angleterre. Ce petit manuel, condensé, est fort commode, et heureusement aéré de nombreux témoignages.
CLB

Mémoire de l'ombre
Madeleine Touria Godard, L'Harmattan, 2009, 302 p., 29 €
L'histoire d'une famille française qui quitte l'Alsace en 1868 pour s'installer en Algérie, dans le Constantinois, en un lieu créé par décret de Louis Philippe en 1848. Il est raconté l'histoire de la colonisation, ses débuts difficiles dans les rapports humains, l'adaptation à l'environnement, la survie et le travail pour arriver à une ère de relative richesse dont profitèrent surtout les gros colons qui détenaient la plupart des terres. L'auteur évoque aussi les périodes des deux guerres et la participation de tous les habitants d'Algérie plongés dans la tourmente, dont les effets de l'abrogation de la loi Crémieux de 1940 à 1943. Un résumé dans lequel les familles de pionniers se retrouveront.
R.A.

L'histoire incroyable du Soldat inconnu
Jean-Pascal Soudagne, Ed. Ouest France, 156 p., 13 €
Dans son livre, J.-L. Soudagne rappelle le cheminement de la décision d'honorer par une sépulture sous l'Arc de Triomphe de Paris les 300 000 soldats portés disparus durant la première guerre mondiale. Un soldat anonyme, exhumé du champ de bataille, a été choisi le 10 novembre 1920 à Verdun par un soldat du 123ème R.I., Auguste Thin, puis acheminé le lendemain à Paris pour recevoir les honneurs du Panthéon et être installé dans une salle haute de l'Arc de Triomphe avant de reposer définitivement dans son caveau sous la voûte  le 27 janvier 1921.
Le 11 novembre 1923 à 18h, le ministre André Maginot, allume pour la première fois la flamme éternelle.
R.A.

Le Dernier des Auvernois
André Besson, France-Empire, 2009, 250 p., 18 €
André Besson, qui a d’autres cordes à son arc, est un très bon conteur. Ce livre est le troisième et dernier d’une saga franc-comtoise, mais que l’on peut lire, comme il se doit, sans connaître les premiers. On ne le regrettera pas, tant sont diverses et poignantes les aventures vécues, durant les cinq années de guerre, par Vincent, bûcheron en sa forêt de Chaux. Le récit débute avec la campagne de France, où le héros est blessé dans un combat furieux mené pour l’honneur par un irréductible commandant. Il s’en sort et rejoint son pays occupé, que partage la « Demarkationslinie ». Le voici passeur de fuyards, puis maquisard livrant encore de beaux combats, pris enfin par la Gestapo et supportant stoïquement la torture. On laisse le lecteur découvrir la fin. Elle est digne d’une tragédie grecque.
CLB

 

Algérie, un passé si lourd à oublier
Georges Pagé, Éd. P.G., 218 p., 20 €
C’est son troisième ouvrage consacré à l’Algérie. Cette Algérie française que l’auteur a tant aimée. Et pourtant Georges Pagé n’était qu’appelé accomplissant sa durée légale en pleine tourmente ! Autant il a adoré le pays, les gens, les paysages, autant il a abhorré les politiques de tous bords qui ont menti. Il rend hommage aux Pieds-noirs des bleds, des mechtas, aux fonctionnaires des administrations qui ont mis en valeur le pays avec les musulmans et pour les habitants, et aux militaires et harkis qui ont combattu ensemble et battu les rebelles. Il dénonce aussi les crimes des fellaghas, les atermoiements et l’abandon des gouvernants, livrant quelques témoignages de combattants et de rapatriés.
Quarante sept ans après la fin des hostilités, les passions restent vives. « La nouvelle génération veut comprendre ce que fut ce drame franco-algérien doublé d’un conflit franco-français » confie-t-il. « Un passé si lourd. », il faut en témoigner pour ne pas oublier !
George Pagé fait partager sa nostalgie et pousse un cri du cœur.
BD

Qui a tué Georges Mandel ?
François Delpla
, Ed. l’Archipel
Ne soyez pas rebutés par cet ouvrage dépassant les 400 pages : malgré la tragédie décrite pas à pas, ce livre se lit passionnément car fort bien rédigé, avec passion et précision.
Qui se souvient du juif Mandel ? Peu de monde, malgré les avenues à son nom, et c’est bien injuste.
Georges Mandel, né Louis Rothschild, se fait connaître comme bras droit de Clemenceau, avant la guerre de 14. Il devient même un homme clé du Traité de Versailles. Voilà déjà deux tares insupportables pour les nazis revanchards. Qui plus est, dès la résistible ascension de l’ancien-caporal-qui-voulait-devenir-un-peintre-renommé, Mandel perçoit l’épée de Damoclès que les nazis forgent pour réduire l’Europe, et plus encore, à la merci de leur idéologie, de leur barbarie sadique. Mandel est donc catalogué par Berlin comme juif anglophile, grand homme d’Israël international et surtout comme belliciste. Car le IIIème Reich, c’est bien connu, est alors épris de paix, de négociation, au point en 39-40 d’essayer de faire admettre à toute la planète que c’est l’Allemagne qui est agressée…
Mandel, travailleur, plutôt austère, supérieurement intelligent est un extra-lucide, voire un visionnaire. Ainsi, dès janvier 41, il prévoit la défaite nazie deux à trois ans au plus tard, après l’entrée en guerre des États-Unis et le développement de leur industrie d’armement. Il est craint, souvent méprisant pour les médiocres, surtout en 1940 à l’encontre des ministres acceptant la défaite et l’armistice. Le Tigre aurait d’ailleurs confié, bien avant : Mandel est capable de tout ! Il fait partie de plusieurs cabinets ministériels avec des portefeuilles différents. En 1935, titulaire des Postes, il lance la télévision française du pied de la tour Eiffel ! Bien avant le conflit, il est politiquement furieux contre ceux, la majorité, qui acceptent les reculades (Munich) car il voit arriver la « cata », la ligne Maginot, chère aux pacifistes n’étant, en plus, qu’un barrage plein de trous.
Bref, pour les nazis, Mandel est un ennemi public numéro 1, à part de Gaulle, qu’il rencontre une seule fois, le 13 juin 40 : « Vous aurez de grands devoirs à remplir, Général. Mais avec l’avantage d’être au milieu de nous tous un homme intact ». De Gaulle auquel, par lettre, il fera clairement allégeance de sa prison, en août 42. Au fait, Mandel aurait-il pu être un autre de Gaulle ? Oui, probablement, par ses qualités, son réalisme patriotique, sa détermination sans faille : lui n’a jamais flanché dira même Céline ! La différence essentielle entre eux tient en peu de mots. Mandel, refusant aussi de s’asseoir sur la déculottée militaire, ne veut pas partir tout seul continuer le combat et surtout il veut le poursuivre à partir de l’Empire, en particulier d’Afrique du Nord, pour laquelle, en compagnie d’autres grands responsables ou élus, il s’embarque sur le paquebot Massilia, pile au moment où Pétain demande l’armistice. Ramené manu militari en métropole, il passera le reste de sa vie, de l’automne 40 à juillet 44, dans un étrange zigzag d’internements, de forteresses, de camps, y compris Buchenwald.
Finalement, qui a tué Mandel ? Ils sont plusieurs, pas tous identifiés avec certitude côté nazi : certes Hitler, brut et stratège, connaissant bien son monde malgré une réputation mal fondée, Himmler, Abetz et d’autres hauts dignitaires l’ont longtemps considéré comme un otage, une monnaie d’échange. L’ordre, ou l’accord, vient peut être d’eux, car l’envie de l’éliminer les « titillait » depuis une dizaine d’années. Du côté de leurs valets philonazis de l’Hexagone rapetissé, Mandel était simplement l’homme à exécuter : nombre d’extrémistes français poussaient à la « fatwa » contre Mandel. Ce sera finalement basse besogne faite un mois après le débarquement, le 7/7/44. Un commando de sinistres sicaires de la Milice abattent comme un chien l’ancien ministre de l’Intérieur, du printemps 40, en forêt de Fontainebleau. Sans doute, dans le groupe des bourreaux, y a-t-il un représentant du féroce SIPO-SD nazi. En tout cas, des deux côtés on se dit « bon débarras ! ». L’estime que Laval lui porte n’a nullement protégé Mandel. A ce propos, le livre évoque les luttes claniques, d’influences, les hésitations, voire coups bas entre les chapelles de la collaboration, y compris dans ses rapports avec l’occupant : »le pilotage des relations franco-allemandes tient de la conduite automobile en aveugle ».
La thèse la plus répandue pour l’exécution de Mandel est celle de la vengeance de l’élimination alors récente du redoutable et exceptionnel tribun Philippe Henriot, coupable pour la Résistance, de « crimes verbaux ». Ce n’est pas vraiment faux. Surtout, l’opportunité était excellente d’un œil pour œil. En vérité, l’exécution de Mandel, souhaitée ardemment par Berlin, désirée avec insistance par la collaboration était certainement décidée bien avant.
Partant de la Santé, pour Vichy lui dit-on, à bord d’une traction, pour un Xème transfert « assuré » par la Milice, Mandel ne s’y trompe pas : « mourir n’est rien. Ce qui est triste, c’est de mourir avant d’avoir vu la libération de son pays et la restauration de la République ».
Gérard Dalmaz

 

Commando « Georges » et l’Algérie d’après
Armand Bénésis de Rotrou, préface de Maurice Faivre, Dualpha éditions, 2009, 456 p., 38 €
Armand Bénésis de Rotrou a de qui tenir. Dans la famille, on sert son pays par les armes. Ce fut pour lui l’Algérie, qu’il nous raconte ici. L’essentiel de ses combats est au célèbre commando Georges, qu’il rejoignit en 1959. Ce commando est doublement exemplaire : de l’engagement des supplétifs à nos côtés, de leur fin tragique. La harka de Georges (Grillot) et de Bénésis de Rotrou, c’est du Bigeard pur jus. Créée à Saïda, faite de fellouzes ralliés, cette petite unité prit l’adversaire à ses propres pièges. Le succès fut immense, immense la haine suscitée en face, tragique la fin. Sur 204 harkis, il n’y en eut que 16 décidés à rejoindre la métropole ; 70 au moins ont été assassinés dans des conditions indescriptibles. Ces chiffres disent tout du drame et des illusions entretenues par les promesses du GPRA, tant chez nos dirigeants que chez les futures victimes.
La vie et la mort du commando Georges s’inscrivent dans la tragédie algérienne, que l’auteur rappelle aussi. Son récit, excellent et mesuré, montre que le déchirement final résulte moins d’une politique délibérée que d’un enchaînement d’événements : 13 mai 58, Barricades de janvier 60, affaire Si Salah de juin 60, putsch d’avril 61, fusillade de la rue d’Isly. L’annexe I du livre serait cruelle si le tohu-bohu des faits que l’on vient de rappeler ne l’expliquait : c’est un florilège des déclarations du général de Gaulle.
Général Claude Le Borgne (cr)

Récits et lettres d’Indochine et du Vietnam 1927-1957
Jean Le Pichon, Éd. des Indes Savantes
Extraordinaire destin que celui de Jean Le Pichon qui va vivre en Indochine les années de gloire et les années de peine, goûter le charme des années 30, la fausse paix des années 40, la douleur de l'occupation japonaise et les déchirements de la guerre jusqu'à l'indépendance. Bien davantage qu'une compilation de souvenirs personnels, ce gros volume remarquablement édité nous replonge avec authenticité dans l'ambiance contrastée du roman passionné vécu par la France avec son ancienne colonie. Récit au jour le jour, mais également rencontre avec les personnalités qui décidaient du destin des deux peuples. Éclairé par une foi ardente et une confiance émouvante dans le destin des hommes, la carrière de Jean le Pichon le mène des plantations de caoutchouc aux rigueurs de l'administration chez les minorités, de la touffeur de Hanoi à la cruauté d'adversaires résolus à discréditer ce que la France avait construit. Il faut recommander ce livre de souvenirs palpitants à tous ceux pour lesquels les mots « Indochine » et « Vietnam » résonnent d'une façon particulière.
Henri de Wailly

 

La Légende gaullienne
Louis-Christian Michelet, Éd. Godefroy de Bouillon
Succédant au traumatisme de 1940, la reconnaissance populaire pour le général de Gaulle s'est muée tout naturellement en une sorte de culte et cette grande figure s’est trouvée très longtemps placée au dessus de tout examen critique. Pourtant dans ce destin exceptionnel, que de décisions surprenantes, d’orientations contestables, d’attitudes inexpliquées ! La statue du connétable, intouchable, est-elle toujours conforme à ce que célèbre la légende ? Dans cet ouvrage précis et renseigné, Christian Michelet analyse avec calme et distance les conséquences stratégiques des décisions essentielles de ce grand leader. L’assimilation de l’armistice à une capitulation, les conflits fratricides d’Afrique et du Moyen-Orient, l’opposition au général Giraud, les heurts répétés avec les alliés britanniques et américains ont-ils été la source des bénéfices que l'on pouvait en attendre ? En marge du culte il est sage de lire l'analyse froide et lucide, éloignée de toute polémique à laquelle se livre ce docteur en histoire, témoin averti du passé, technicien rompu aux questions stratégiques. La Légende gaullienne trouve tout naturellement sa place à côté des nombreux ouvrages consacrés à la gloire du général de Gaulle.
Henri de Wailly

 

L’éthique du soldat français. La conviction d’humanité.
Benoît Royal, Economia, 2008, 128 p., 18 €
La chose militaire a bien changé ! Ce n’est plus déchaîner la force qu’il faut, mais la maîtriser, afin de se gagner le cœur des populations, que des « rebelles » nous disputent. C’est ce que ce livre explique, à travers de nombreux témoignages illustrant les situations étranges et dramatiques où sont ainsi placés nos hommes, face à des excités qui ne font pas dans la dentelle. Pourtant, à en croire l’auteur, le soldat a toujours répugné à tuer directement et la guerre moderne a privilégié le massacre anonyme permis par l’artillerie d’abord, l’aviation ensuite. Une haute exigence morale inspire cet ouvrage, le colonel Royal appelant à la rescousse deux Généraux d’Armée experts en la matière, Cot et Bachelet. Au fond, qu’est ce qui justifie son entreprise ? La conviction que la guerre, passe-temps que l’on croyait irremplaçable, appartient à la préhistoire de l’humanité. De l’histoire qui commence, le soldat français est l’éclaireur de pointe.
Général Claude Le Borgne (cr)

 

Vostok. Missions de renseignement au cœur de la guerre froide.
Roland Pietrini, Mission spéciale Production, 2008, 160 p., 19,90 €
Derrière le rideau de fer, en ex-Rda, les sentinelles de l’ombre veillaient au sein de la Mission Militaire Française de Liaison de Postdam. L’auteur, membre de cette mission lors de la Guerre Froide, nous décrit le travail de renseignement effectué « en amont ». L’auteur parle beaucoup de lui mais le document est parfaitement et historiquement intéressant.
Pierre-Alain Antoin
e

 

Le choix des âmes
Olivier Larizza, Anne Carrière, 2008, 258 p., 18 €
Livre magnifique. Livre qui montre l’enfer de l’Hartmannwillerkopf, sommet des Vosges et bataille de 1915 à 1918. Le personnage est tout à fait le poilu qui endure la tragédie des tranchées. D’un style plaisant, teinté de références tant historiques que géographiques et quelques provincialismes, cet ouvrage doit faire date dans le roman historique. L’auteur, qui n’en est pas à son coup d’essai, a réussi un coup de maître.
Pierre-Alain Antoine

 

L’opération Atlante. Les dernières illusions de la France en Indochine
Michel Grintchenko, Economica, 2008, 702 p., 49 €
L’ouvrage du Colonel Grintchenko apporte aux lecteurs une analyse extrêmement documentée et précise sur la mise en place et l’exécution de l’opération « Atlante ». Les moyens sont énormes ! Pourtant, le but n’est pas atteint, loin s’en faut. Le mirage de puissance est, sans conteste, à l’échelle de l’échec de cette opération, tout comme celle de Dien Bien Phu. Toutes deux ont été menées à la limite des moyens qui étaient à la disposition du Corps Expéditionnaire qui fut remarquable dans l’exécution de cette mission impossible. Il faut savoir que le retrait de la présence française en Indochine, voulue par les États-Unis, fut exécuté par le pouvoir politique français qui ne donna jamais les moyens nécessaires en hommes et en matériel au C.E.F.E.O. pour gagner cette guerre. Pourquoi l’analyse de la situation faite par le Général Leclerc n’a-t-elle pas été suivie ? La France fut la première nation démocratique à affronter une guerre « révolutionnaire » et, malgré la défaite, sa sortie de ce conflit fut bien plus glorieuse que celle des États-Unis. Souhaitons que l’ouvrage du Colonel Grintchenko ouvre les yeux à nos décideurs afin qu’ils ne renouvellent pas les mêmes erreurs dans les conflits actuels. Ce livre pousse à réfléchir. A lire absolument.
Gérard Brett.

Héroïnes de la Grande Guerre
Jean-Marc Binot, Fayard, 2008, 304 p., 22 €
Voilà enfin une tentative intéressante de rappeler ou faire connaître le rôle héroïque des femmes, pendant le premier conflit mondial de 1914-1918, ceci dans tout un éventail de domaines, partant de la résistance circonstancielle de simples citoyennes pour se terminer par de célèbres agents de renseignement militaire comme Édith Cavell et Louise de Bettignies, en terminant par l’immanquable Marthe Richard. Mais toutes ces Dames sont celles qui ont défrayé la chronique et les médias de l’époque dans un but souvent stratégique du maintien du moral de l’opinion civile, à l’arrière des tranchées et de la lassitude, voire de la contestation. Les archives militaires en révèlent d’autres, plus discrètes, voire « évaporées » dans la Mémoire collective, comme cette bataille de Proyart-Framerville-Rosières seulement évoquée avec Marcelle Semmer à la page 91 où s’est accroché sauvagement, fin du mois d’août 1914, le 5ème régiment de Dragons avec les troupes du général Sordet. C’est le cas de cette Adrienne Dumeige, devenue épouse Brige-Talon, qui fut l’homologue féminin de Lazare Ponticelli, le dernier survivant des poilus 14-18. Cette « poilue », titulaire d’un livret militaire et de la carte d’ancien combattant, a été citée à l’ordre de la Nation et de la Division en 1914. Décorée aussi devant le front des troupes par le Président de la République. On trouvera aussi sa trace sur les lieux de la Mémoire des batailles de la Somme, et sur le site internet « www.memoirepartagee.com ».
Michel Talon

Mourir pour l’Afghanistan
Jean-Dominique Merchet, Éd. Jacob Duvernet, 2008, 192 p., 19,90 €
Travaillant à « Libé » J.-D. Merchet est un bon journaliste, spécialiste des affaires militaires. Son livre, d’actualité, n’en est pas moins sérieux. L’embuscade d’Uzbin, en août 2008, en est le prétexte. Le drame lui permet, avec la caution d’éminents géographes – dont M. de Planhol – une excellente présentation de l’Afghanistan, « anti-nation » intraitable, comme les Anglais en ont fait, en leur temps, l’expérience : en 1842, la retraite de Kaboul n’amena à la frontière qu’un seul survivant, sur quelques 16 000 hommes que comptait la colonne ! Les Soviétiques auront des malheurs analogues, pris, dans les années 70, dans un « engrenage infernal ». Retour aux Français : l’auteur pointe les insuffisances de nos forces incorporées dans l’ISAF, et termine par un vœu brutal : « trouver la porte de sortie, et vite ! »
CLB


D’Alger à Al Djazä’ir
Roger Chaudron, Ed. Thélès, 2009, 338 p., 22 €
A travers ses souvenirs de carrière militaire (il a aussi « fait » l’Indochine), c’est le conflit algérien que Roger Chaudron, colonel en retraite, nous présente. Autobiographie, sans doute, mais surtout jugement serein. Ce qui n’est pas si  fréquent – sur des événements tragiques, mais inéluctables. Inéluctable, aussi, le dénouement que l’on sait.
CLB


Déportation et génocide. L’impossible oubli.
Thomas Fontaine, Ed. Tallandier, 2009, 144 p., 14,90 €
Ce petit album a des allures de manuel scolaire. Telle est en effet, dit l’éditeur, sa destination. Il présente, en un tableau exhaustif, les déportations voulues par les nazis, de France vers les camps d’Allemagne, et avec la complicité fréquente des autorités de Vichy. Apparaît, dans son horreur, le mot et la chose : le génocide des Juifs. L’un des objectifs des auteurs est de réagir contre le « négationnisme ». Œuvre pie, qu’il appartient aux enseignants d’utiliser avec la délicatesse qu’impose une histoire récente.
CLB

 

La bataille du film. 1933-1945. Le cinéma français, entre allégeance et résistance,
Alain Weber, Ramsay, 2007, 296 p., 22 €
Alain Weber, lui-même cinéaste, a beaucoup travaillé sur le sort, peu enviable, du cinéma français sous l’occupation allemande, mais aussi durant les années qui l’ont précédée, où l’Amérique et l’Allemagne dominaient le marché. Durant l’occupation 220 longs métrages sortiront tout de même, dont 30 sous l’égide de la Continentale, entreprise allemande créée pour les besoins de la cause. Compromission, résistance, comptes à rendre, tout y est.
CLB


lessentinelles

Les sentinelles, roman
Bruno Tessarech, Grasset, 2009, 380 p., 19 €
Un roman ? Plutôt une enquête, habilement présentée. Le propos est simple et tragique : pourquoi le sort des Juifs d’Europe a-t-il si peu ému l’Occident avant 1939 et pourquoi les Alliés, durant la Seconde Guerre mondiale, n’ont-ils rien tenté pour les secourir ? L’intérêt de cette enquête romancée s’accroît d’une coïncidence, la réédition chez Robert Laffont du livre témoignage de Jan Karski, Polonais acharné à ouvrir les yeux des dirigeants alliés. Si un diplomate est au centre du roman de Tessarech, les personnages sont divers, certains de premier plan et d’autres pittoresques : Churchill, de Gaulle, Roosevelt, mais aussi Wernher von Braun, auquel le monde des fusées tient lieu de patrie, un chimiste SS, innocent complice des chambres à gaz, Karski enfin, découvrant les horreurs du ghetto de Varsovie. Donc, savait-on ? On sut, quelque mal qu’on eut à y croire. Sachant, que faire ? La réponse de nos dirigeants fut unique, et formulée la mort dans l’âme : gagner d’abord la guerre. La plus belle expression de cette indifférence assumée est mise ici dans la bouche de Roosevelt : « Nous sommes, dit-il, condamnés à faire semblant de ne pas savoir ».
Ce livre est si bien documenté qu’on s’étonne d’y découvrir une bourde militaire. En juin 40, écrit l’auteur à la page 338, « les Français  ne se battirent pas ». Oh !
Général Claude Le Borgne (cr)


 

Jan Karski
Yannick Haenel, Gallimard 2009, 187 p., 16,50 €
On vient de lire une brève présentation du livre de Tessarech, Les sentinelles. La dernière page refermée, le roman de Yannick Haenel nous tombait dans les mains, le voici. L’un comme l’autre mettent en scène Jan Karski. Tessarech, dans son roman, en fait une présentation discrète, discrétion qui convient au personnage exemplaire que fut le Karski de la résistance. Tel n’est pas le cas de Haenel, dont le livre a déclenché une polémique à laquelle le Figaro littéraire du 4 mars a fait largement écho. Disons-le tout net, le roman de Haenel est une malhonnêteté, et le terme est faible. Il comporte trois parties. La première rappelle une controverse ancienne, qui a opposé Karski lui-même à Claude Lanzmann, auteur de Shoah. Karski accusait Lanzmann d’avoir tronqué et déformé le message qu’il lui avait livré. Voilà, déjà, le héros trahi par son metteur en scène. La deuxième partie du livre de Haenel résume le témoignage que Karski a publié en 1944, et qui eut un énorme succès. Rien à dire. La troisième partie est celle qui met le feu aux poudres. Haenel y fait parler Karski post mortem et, pour l’essentiel, autour de l’entrevue cruciale que celui-ci eut, le 28 juillet 1943, avec Roosevelt, en vue de l’informer du sort affreux que les nazis faisaient aux juifs, de Pologne et d’Europe. Le tableau que brosse Haenel de cette entrevue accable le président des Etats-Unis ce qui, faux, n’est déjà pas bien. Mais il y a pire. Il est plus grave, en effet, de trahir Karski que Roosevelt. C’est ce que fait Haenel. Honte à lui !

Général Claude Le Borgne (cr)


Lejeunehommenculottedegolf

Le jeune homme en culotte de golf
Jean DIWO, Flammarion, 2008, 250 p., 19,90 €
La suite des souvenirs de Jean Diwo ce ne sont pas des mémoires mais des scènes de rencontre parfois humoristiques d’un jeune homme qui entre dans la « cour des grands ».
Humour et style prouvent que Jean Diwo, malgré le temps, joue et demeure « le jeune homme  en culotte de golf ».
H.T.

Livrespilles

Livres pillés, lectures surveillées. Les bibliothèques Françaises sous l’occupation
Martine Poulain, Gallimard, 2008, 588 p., 22,50 €
Sans complaisance Martine Poulain scrute ce que furent les politiques de l’occupant et du régime de Vichy sur les bibliothèques.
C’est moins le pillage des bibliothèques privées, juives et franc-maçonnes qui frappe le plus. La volonté de contrôler l’esprit et de l’inscrire dans l’idéologie est une démarche que nombre de tenants de l’ordre nouveau ont voulu appliquer dès 1940. Heureusement durant cette époque, il y eut des hommes de qualité pour dire NON. Finalement il n’est rien resté de cette entreprise de contrôle des esprits. Les Français sont fondamentalement des anarchistes de l’intelligence.
H.T.


OccultusPoliticus

Occultus Politicus
Philippe Valode,
First Ed., 2009, 478 p., 19,90 €
Gouverner c’est prévoir dit un vieux dicton. Une vérité première ! Homme d’État, intellectuel, tenant du pouvoir économique, soldat, tous ont la hantise des suites des décisions qu’ils vont prendre. D’où depuis les temps reculés de l’histoire jusqu’à nos jours la puissance de l’occultisme sur l’esprit des dirigeants; même les plus solides, les plus convaincus de leur destin ont le besoin intime de savoir s’ils réussiront Et cela dure toujours. Philippe Valode parcourt ce monde de l’occultisme et montre qu’il est toujours là à côté du monde réel et qu’il influe sur lui.
H.T.

Ledeshonneurdanslarepublique

Le Déshonneur dans la République
Anne Simonin,
Grasset, 2008, 760 p., 26,90 €
L’indignité nationale qui fut une des conséquences des jugements portés sur l’action de certains Français sous l’occupation a fait couler beaucoup d’encre.
Mme Anne Simonin a entrepris de traiter l’ensemble de la question sous l’angle historique et juridique car l’indignité est une peine connue depuis des siècles. Finalement elle punit le « déshonneur », c’est-à-dire le non-respect à la règle qui s’impose sous les régimes : « l’honneur » c'est-à-dire le comportement d’un individu au regard des règles morales de la société. L’honneur est une notion fondamentale mais difficile à définir en fonction des items de l’ordre social.
Le mérite de cet ouvrage est d’ouvrir un débat sur des bases claires même si on peut contester la position de l’auteur.
H.T.


Lecompagnondevoyage

Le compagnon de voyage
Curzio Malaparte, Quai Voltaire, 2009, 110 p., 14 €
Kapput, La Peau, le témoignage de Curzio Malaparte sur la Seconde Guerre Mondiale appartient au florilège international de la littérature de guerre comme Genevoix en France ou Ernst Jünger en Allemagne. Dans son œuvre, le « Compagnon de voyage » est une fable pudique et baroque mais qui montre que dans les pires détresses - l’écroulement de l’Italie en 1943 – les hommes s’ils sont désorientés peuvent montrer fidélité, générosité et courage.
H.T.

quandlalegionecrivaitsalegende

Quand la Légion écrivait sa légende
Alain Gandy,
Presses de la Cité, 2009, 276 p., 21 €
On a beaucoup écrit sur Camerone mais pas toujours avec le souci de donner à ce combat sa dimension humaine.
« Ils étaient moins de soixante ». Ce combat fut donc mené par un rassemblement d’individualités et chaque personnalité comptait, du chef au dernier des légionnaires. Le moment suprême fut le serment unanime de mourir pour la mission. L’auteur décrit avec précision mais aussi avec affection comment soixante hommes font une unité sans esprit de recul. C’est bien citer l’esprit de la Légion.
H.T.


deloasisitalienne

De l’oasis italienne au lieu du crime des Allemands
Madeleine Kahn
, Bénévent, 2003, 158 p., 17 €
Au moment où les juifs de l’Europe entière étaient persécutés, les autorités militaires, administratives et chrétiennes italiennes tentaient de leur venir en aide.
Les juifs italiens ou étrangers s’étaient réfugiés dans la zone Sud de la France occupée par les troupes italiennes après la signature de l’amnistie de 1940 par le gouvernement de Vichy. Ils savaient bien sûr qu’en zone Nord occupée par les Allemands leur vie était en danger. En zone Sud les autorités italiennes étaient plus clémentes à leur égard contrairement au gouvernement français installé à Vichy. De nombreux documents officiels en apportent la preuve.  Un héros italien, Angelo Donati, se consacra à la protection des juifs et poursuivit son action jusqu’à la fin de la guerre. Il accusa le Général Eisenhower d’avoir fait échouer une opération qui consistait à évacuer 30 000 juifs du Sud vers l’Afrique du Nord aux mains des Américains à cette époque.
Le 8 septembre 1943, l’armée italienne ayant déposé les armes, la Wehrmacht  pénétra en Italie. C’est à partir de cette date que la République sociale italienne exécuta les ordres des autorités allemandes et fit enfermer 6 746 juifs dans le camp de Fissoli d’où ils furent déportés dans les camps d’extermination allemands.
Ce livre a été écrit à la gloire du grand défenseur italien de la cause juive Angelo Dinati.
Jean Cecillon

 

 

La Guerre des mots. 1914-1918 dans les Parlements européens
Dives,
L’Harmattan, Revue Parlements n°10, 2008
La revue Parlements éditée par l’Harmattan a consacré ce numéro au rôle des Parlements pendant la grande guerre en France, en Allemagne, en Turquie et en Italie.
Les auteurs des études sont des spécialistes du droit constitutionnel des pays concernés. Des systèmes politiques opposés et pourtant une même conclusion : les parlements ont refusé de se soumettre à la dictature des circonstances exceptionnelles qui donnent le pouvoir à l’exécutif. Ils ont défendu le droit de contrôler l’action des troupes militaires. Au fil des années de conflit et de vains durcissements, leur rôle s’est fait plus actif et leurs critiques plus vives. Ils ont finalement sauvé l’honneur de la démocratie mise en danger par la nature même de la guerre froide.
H.T.


Appolinaire

Apollinaire. La poésie perpétuelle
Laurence Campa, Gallimard, 2009, 128 p., 14 €
Qui ne connaît le poète Guillaume Apollinaire ? Mais voici, enfin, l’intégralité de l’homme et comment l’œuvre écrite par quelqu’un d’origine non précise mais étrangère honore la langue française. Car il ne faut pas oublier que derrière l’écrivain il y a toujours l’être humain et le voici enfin ayant vécu une vie de choix personnel qui le conduira à la mort trop jeune - quarante huit ans – par suite d’une blessure dans une guerre que sa dignité ne lui permettait pas d’éviter.
« La conviction du devoir » est la définition exacte que donne Laurence Campa, auteur de cet ouvrage. Et comme toujours dans cette collection une illustration absolument remarquable, d’une très grande richesse. Les dessins, peintures, autographes présentés donnent le portrait encore plus riche de l’homme d’abord, de l’écrivain ensuite.
Claude Lafaye


lesdossierdelaguerrefroide

Les dossiers de la Guerre froide. L’équilibre de la terreur. 1956-1969
Mathilde Aycard, Pierre Vallaud, Acropole, 2009, 144 p., 19,90 €

En 1956, Khrouchtchev lance la déstalinisation mais envahit très vite la Hongrie. Ce fut ensuite le Mur de Berlin et la Crise de Cuba. Ce petit ouvrage note la rivalité des deux blocs où s’affirme la diplomatie du général de Gaulle. Excellent « digest » de cette période que nous appelons la « Guerre froide ». Une guerre économique qui a « arrangé » beaucoup de monde.
Pierre-Alain Antoine


 

Les dossiers de la Guerre froide. L’équilibre de la terreur. 1969-2009
Mathilde Aycard, Pierre Vallaud, Acropole, 2009, 144 p., 19,90 €
Troisième exemplaire d’un « agenda » de la Guerre Froide. Les deux grands ne cessent de s’affronter par pays interposés. A l’issue de plus de soixante années de conflit entre ces deux Grands et la chute de l’empire soviétique, la Russie n’est toujours pas un pays démocratique et les États-Unis sont toujours une superpuissance, certes de plus en plus contestée. Tout est différent, mais rien n’a changé. A classer dans le rayon des « condensés » (certes indispensables) de l’histoire.
Pierre-Alain Antoine


Deuxième bataille d'Alger

Deuxième bataille d'Alger (2002-2007) : la bataille judiciaire
Général Maurice Schmitt, L'Harmattan, 2008, 132 p., 13 €

L'ouvrage du général Schmitt aurait plu à notre regretté Vladimir Volkov. Il y aurait vu un exemple même de la désinformation qui est devenue l'alliée objective du terrorisme aveugle que les démocraties doivent combattre aujourd'hui. En démontant celle qui remet en cause la victoire d'Alger sur le FLN, le général Schmitt fait autant œuvre de stratège que de mémorialiste. Il n'avait pas besoin de se justifier du contraire, il nous donne une leçon.
H.T.


Lerefugeetlepiege

Le refuge et le piège : les Juifs dans les Alpes (1938-1945)
Sous la direction de Jean-William Dereymez, L'Harmattan, 2008, 394 p., 35 €

Ce livre regroupe les actes d'un colloque franco-italien tenu à Grenoble en 2004. Franco-italien, comme il convient au drame dont il s'agit : les Alpes, de 1938 à 1945, furent le refuge de Juifs fuyant le fascisme et empêchés de rejoindre la France du plat pays. Quelque vingt contributions sont précédées d'une préface fort belle et pourtant savante, signée… Robert Redeker.
CLB


Foch

Foch
Jean-Christophe Notin, Perrin, 2008, 640 p., 25,50 €
Jean-Christophe Notin se penche sur l'un de nos héros, Ferdinand Foch. On me passera l'expression : le Maréchal en prend plein la figure ! Avant 1914, professeur à l'école de guerre, il répand ses fameux "Principes", dont la fortune doit beaucoup à leur évidence, et se fait le chantre de l'offensive. On sait ce qu'il en est résulté dans les premières semaines de la vraie guerre. A l'épreuve du commandement, Foch se révèlera pareillement calamiteux et on le limogera à la fin de 1916. L'épreuve se prolongeant, on le rappelle et on place à la tête de l'Alliance un Foch enfin assagi. Honneur au vainqueur !
CLB


 

Insignes distinctifs. Catalogue raisonné 7ème volume
Jean-Pierre Guarry, 2008, 67 p., 38 €

Cette plaquette illustrée est un complément aux 6 volumes que l'auteur a consacrés aux insignes de l'Infanterie métropolitaine et auxquels il sert de "Catalogue raisonné". On y trouvera présentés tous les corps de troupe concernés, et leurs insignes.
Général Claude Le Borgne


La religion gaulliste

La religion gaulliste
Gaetano Quagliariello, Ed. Perrin, 2007, 612 p., 26,50 €
Le professeur Gaetano Quagliariello dans sa comparaison entre le système politique français et celui de l’Italie, entreprend de réfuter l’idée généralement admise que ces deux systèmes sont proches l’un de l’autre et souffrent tous deux d’un mal bien latin : l’instabilité. Il tend à montrer que cette vue est particulièrement erronée. Sous l’apparence de la diversité des partis de l’Italie, une stabilité de fait existe parce que les deux blocs droite-gauche se sont partagé pendant longtemps le pouvoir : le central à droite, le régional à la gauche. D’où une stabilité négociée.  En France, le régime des partis se dilue dans celui des groupes parlementaires qui font   la majorité nationale et locale. De Gaulle a mis un terme à cette situation. C’est une exception... Dure-t-elle encore ?
H.T.

 

 

Stalingrad. La bataille au bord du gouffre
Jean Lopez, Éd. Economica, 2008, 480 p., 29 €
Formidable bataille, formidable livre ! La collection que dirige chez Economica Philippe Ricalens, le prix décerné par l’Académie des Sciences morales et politiques, la personnalité de Jean Lopez, spécialiste de la guerre germano-soviétique et auteur d’un « Koursk » remarqué, sont autant de gages de sérieux. Il le faut, car l’ouvrage bouscule nombre d’idées reçues. L’obstination apparente de Hitler n’était pas, au départ, suicidaire.  Von Paulus n’était pas chargé d’une mission impossible, bien qu’une percée devint vite chimérique. Rien, d’avance, n’était joué et l’auteur estime qu’un « super-Stalingrad », au résultat inverse, eût pu advenir. Restent quelques certitudes. L’Armée rouge, en 1942 était « au bord du gouffre », il fallait arrêter le désastre, ou disparaître. Il le fallait, ce fut fait, mais au prix d’un retournement des volontés et des capacités dont la bataille urbaine était le théâtre. Les Rouges y jetèrent, tous les trois jours, l’équivalent d’une Division.
CLB

 

L'anonyme Tirailleur Sénégais

L’anonyme tirailleur sénégalais
Isaline Remy, TdB Editions, 2008, 175 p., 18 €

Un hymne à la fraternité d’armes qui a uni les Français de tous horizons dans la défense de la Patrie. Une fraternité anonyme, ici furtive. Un Français de France sait que toute sa vie se construit sur le geste d’un jeune tirailleur sénégalais qu’il ne connaîtra pas mais qui a sauvé sa vie en le chargeant sur son dos. Il va rechercher son sauveur mais s’il ne le retrouve pas... il a chaud au cœur qu’il ait existé ! C’était au temps de la Grande France qui doit beaucoup à ses fils d’outre-mer.
H.T.

 

La course à la bombe

La course à la bombe. Et si Hitler avait eu la bombe atomique ?
Robert Arnaud, Ed. Nouveau Monde, 2007, 190 p., 19 €

La Bombe, comme l’on dit couramment, l’arme nucléaire méritant bien une majuscule, est au premier rang de notre actualité. Entre ceux qui, comme le président Obama, appellent de leurs vœux un monde débarrassé de la menace apocalyptique, et d’autres qui font de la prolifération, en particulier iranienne, le danger de l’heure, le sous-titre du livre pose une question bien pertinente : « Et si Hitler avait eu l’arme atomique ? » Certes, le début de la Seconde Guerre mondiale n’a rien à voir avec le début de notre XXIème siècle. Pourtant l’auteur, relatant l’aventure de l’eau lourde détenue par une société norvégienne alors que les Allemands s’apprêtent à envahir la Norvège, offre la possibilité aux curieux de s’informer et aux affabulateurs d’affabuler. Alors, la réponse ? Elle est, a posteriori, rassurante. Les scientifiques allemands étaient capables de progresser dans la voie infernale ; politiques et militaires n’y croyaient pas. Ouf !
Général Claude Le Borgne (cr)

 

 

Heroines francaises

Héroïnes françaises, 1940 - 1945. Courage, force et ingéniosité
Monique Saigal, Editions du Rocher, 224 p., 17 €

Incarnation féminine de la Résistance : voici dix-huit femmes dont on entend si peu parler et qui se sont distinguées pendant la guerre par leur courage extraordinaire. L’auteur, une enfant juive cachée et recueillie par une famille catholique en 1942, a voulu lui rendre hommage ainsi qu’à sa grand’mère gazée à Auschwitz. Avide de découvrir les secrets de ces résistantes, elle s’est déplacée dans plusieurs régions de France, en Suisse et en Californie, pour écouter leurs récits de vive voix. La lecture de ces témoignages nous fait revivre une période de terreur ou de détresse où des femmes ont osé s’affirmer par la force et l’ingéniosité. Ces femmes proposent aussi un magnifique exemple  aux jeunes en quête d’un sens à donner à leur vie.
Jacques Dhaussy

 

Georges Boris

Georges Boris. Trente ans d'influence,
Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Gallimard, 2010, 460 p., 25 €
Un ouvrage indispensable pour plusieurs raisons : d’abord la connaissance d’une époque, puis celle d’un homme et le ton de l’auteur pour faire vivre l’une et l’autre. Aucune prise de position de celui qui fut essentiellement un conseiller doté d’une immense volonté de « servir » n’est expliqué autrement que par le contexte précis, à la fois politique, historique, humain. Par ailleurs, cette éminence grise, ce père Joseph du pouvoir ou plus exactement de la politique étant aussi un ami proche de l’auteur, il arrive à certains moments que l’on se trouve avoir l’impression d’être non pas un lecteur mais en conversation personnelle. Il sera désormais impossible d’étudier cette étrange période qui va de l’avant-guerre de 1914 à l’après-guerre de 1939 autrement qu’en se référant, en permanence, à cet ouvrage formidablement documenté. Et précis.
Claude Lafaye

 

les1000villages

Les 1000 villages de Delouvrier
Général Maurice Faivre, Éditions L’Esprit du Livre, 2009, 20 €

Historien de l’Algérie et de sa triste guerre, Maurice Faivre poursuit sa longue marche. C’est ici le regroupement des populations qu’il aborde, sujet hautement polémique. Lesdits regroupements, relancés par M. Delouvrier, Délégué général, en un programme audacieux baptisé « Mille villages », visaient-ils à soustraire les villageois à l’emprise du FLN, à les faire accéder à une certaine modernité, à vider leurs anciens habitats pour permettre à nos forces d’y opérer sans contrainte ? Tout cela à la fois, sans doute, et chacun pourra, à la lecture des nombreux documents que reproduit l’auteur, se faire son opinion. Celle-ci ne saurait être que nuancée. C’est ce que suggère le dernier chapitre. Le « dégroupement », après le cessez-le-feu, fut l’épreuve de vérité : qui va rester aux 1 000 villages, et qui voudra revoir, de sa petite mechta, « fumer la cheminée » ?
Général Claude Le Borgne (cr)

 

 

Algérie. Retour sur le passé

Jacques Lechavallier, 2009, 23 €

  Une superbe préface du général Gobillard présente ce beau livre. Beau au sens propre, pour les documents et les images qui l’illustrent. Beau par son texte. Celui-ci est, pour l’essentiel, fait de témoignages recueillis auprès d’appelés et de rappelés des régiments où l’auteur a servi, mais aussi auprès des « autochtones » que sont aussi bien Pieds-Noirs que Kabyles. D’un témoignage à l’autre, l’auteur s’interroge, et nous avec lui. Le sens de ce questionnement est douloureux : que dire à nos petits-enfants ? Devant les partis pris et les excès des gens-de-médias, il convient en effet de raison garder et de juger avec sérénité – si possible ! – une guerre qui ne mérite toujours pas son nom.

CLB

 

Jadis si je me souviens bien

Jadis, si je me souviens bien

Jacques-Francis Rolland, Le Félin, 2009, 22 €

 Voici le parcours, superbement écrit, d’un étudiant communiste et résistant. Résistant jusqu’au bout, communiste jusqu’en 1956 année du grand reniement, pour lui comme pour beaucoup de ses camarades. Mais reniement ne veut pas dire contrition. La préface, superbe aussi, est d’Edgar Morin, camarade de combat et de griseries intellectuelles. Autobiographique, le livre est paru un an après la mort de son auteur.

CLB

 

Utopies

Utopies ?

Dominique Dumollard, Les 2 encres, 2008, 22,50 €

 « Que faisons-nous sur Terre ? Notre vie a-t-elle un sens ? » Voilà, pour un auteur, un beau programme !

Dominique Dumollard nous donne sa réponse, heureusement peu assurée et qu’il baptise lui-même, modestement, « Utopies ». Le pluriel est justifié, puisqu’on nous parle de religion – c’est bien le moins -, de notre planète, d’économie aussi – chapitre opportun en ces temps de crise -, de politique enfin. Le livre se termine sur une évocation de Théodore Monod, qu’on est en droit de juger un peu racoleuse.

CLB

 

 

L’Oméga de ma jeunessse. Catinat (région d’El Milia)

Michel Vinzant (04 77 22 22 49), 2008, 20 €

A l’âge de vingt ans, en 1958, l’auteur est affecté en Algérie (l’Est algérien, en petite Kabylie) pour effectuer son service militaire.

Alors qu’il avait voulu absolument baisser le rideau de l’oubli sur cette période, il éprouve maintenant le besoin de porter témoignage sur les mois passés dans une unité combattante, en 1959-1960, et sur le comportement des appelés lors de la guerre d’Algérie. Il s’insurge aussi contre certains médias ou films qui axent le conflit sur le problème de la torture. La guerre est horrible, écrit-il, et seuls ceux qui l’ont faite peuvent en parler en connaissance de cause. Il rappelle que le danger était partout, entre le maintien de l’ordre ou la garde des édifices dans les grandes villes et les opérations militaires et embuscades dans les bleds.

Mars 1959, Michel Vinzant embarque avec ses camarades sur le Maréchal Joffre à Marseille. Le voila à Philippeville, à El Milia, puis à Catinat, au 23ème RI, comme fantassin. S’enchainent les pages qui révèlent ce qu’a vraiment été cette guerre : ses combats, ses embuscades, ses patrouilles, le crapahutage, les difficiles conditions de vie ; les camarades blessés, morts, faits prisonniers ; les grandes opérations, le plan Challe, les héliportages ; la venue du général de Gaulle à Catinat, début mars 1960, en tournée des popotes. Le récit conte aussi le lancinant déroulement des jours, des nuits, avec leurs angoisses, la peur, la fatigue ; l’ennui parfois et la nostalgie des jours de jeunesse perdue. De nombreuses réflexions restituent le kaléidoscope des émotions intenses qu’ont éprouvées les jeunes appelés en présence d’une réalité souvent sordide.

Michel Vinzant, dont le récit est très détaillé, très documenté, opte pour un ton volontairement dépouillé. Il évite les jugements tranchés, les partis pris agressifs, mais on devine l’émotion contenue, l’affleurement de blessures mal cicatrisées, le souci de défendre son honneur et celui de ses compagnons. Pour raviver ses souvenirs, pour étayer sa thèse, il s’est appuyé sur d’autres témoignages, il énumère de nombreux articles, textes, revues, parus sur cette période. Des illustrations, des photos émaillent les passages du livre, le rendant plus authentique encore. Et, les chiffres cités parlent d’eux-mêmes !

L’ouvrage se termine par un historique, lui aussi très précis, des principaux évènements qui se sont produits dans cette région. Sa conclusion personnelle : la guerre, parce qu’elle déborde parfois les interdits les plus sacrés des sociétés humaines, est difficile à raconter… Pour ma part, je peux dire que j’ai servi avec honneur et que j’ai la conscience tranquille.

Beaucoup de pudeur et de retenue voulue dans ses mémoires ; pourtant, ou de ce fait, un témoignage parlant et émouvant sur un conflit qu’on ne devrait plus passer sous silence.

Jeannine Ockly

Responsable du groupe de lecture de l’APA